Projet de Développement Rural Intégré de l'Ombela Mpoko - IOE
Projet de Développement Rural Intégré de l'Ombela Mpoko
Résumé du rapport d'évaluation à mi-parcours
La préfecture de l'Ombella Mpoko est située à proximité de Bangui et est desservie par deux axes routiers. La population agricole est de 79.000 personnes soit 16.000 ménages. Les productions principales sont le manioc (aliment de base), l'arachide et le mais. Il s'agit d'une agriculture de défriche-brulis avec cultures sous galeries forestières et jachère de longue durée. L'élevage, non intégré à l'agriculture est le fait d'éleveurs nomades. Un tiers des ménages cultive moins de 0,5 ha, a des activités agricoles très réduites et tire ses revenus d'activités non agricoles. Les deux tiers d'agriculteurs cultivant plus de 0,5 ha peuvent être considérés comme des agriculteurs à part entière. Dans l'ensemble, l'alimentation est relativement variées et les habitants, à l'exception des cas sociaux, ne souffrent pas de la malnutrition. Les excédents de production représentent une part relativement importante de la production. Leur commercialisation est la principale préoccupation des producteurs.
Conception et objectifs du projet
Groupe cible
La population cible du projet est constituée par les 2/3 des ménages cultivant plus de 0,5 ha soit 10.670 exploitations. Il est prévu qu'en année 5, le projet aura bénéficié à 8.200 exploitations.
Objectifs et composantes du projet
Les principaux objectifs du projet sont les suivants:
- accroitre la production vivrière dans la préfecture d'Ombella M'Poko;
- augmenter les revenus des paysans bénéficiaires et améliorer leur alimentation ainsi que celle de leur famille;
- dégager un surplus de production pour assurer le ravitaillement de la population de Bangui en produit alimentaires.
Les composantes du projet comprennent:
- la vulgarisation de techniques améliorées en milieu paysan sur 5 cultures (manioc, arachide, mais, sésame et riz pluvial), la distribution de semences améliorées et de pesticides pour la conservation de semences;
- un programme de formation pour la personnel d'encadrement et les paysans;
- la mise en place d'un centre d'essai pour la recherche appliquée sur les principales cultures du projet et de parcelles de démonstration en milieu paysan;
- la création d'une unité de génie civil pour l'aménagement de points d'eau et la construction d'infrastructures devant abriter les services centraux et sociaux;
- l'installation d'une direction de projet et d'une unité de suivi-évaluation et la réalisation d'une série d'études spéciales pour la conception et la mise en place des composantes du projet.
Effets attendus et hypothèses
Basé sur des estimations des rendements de 5,5 t/ha de tubercules pour le manioc et des revenus de 19.600 FCFA par ménage, le projet prévoyait un accroissement de production de 8 à 31% selon les produits (+ 17% pour le manioc) et ainsi, une augmentation des revenus monétaires des familles.
Évaluation
Evolution du contexte en cours d'exécution
Lors de la préparation en 1983 et de l'évaluation en 1984, le pays se relevait d'une période de sécheresse exceptionnelle qui l'avait fait classer parmi les pays devant faire l'objet d'une aide alimentaire internationale d'urgence. Avec le retour à une pluviométrie proche de la normale, la situation de l'agriculture dans la zone s'est rapidement redressée et la production est devenue excédentaire.
Réalisations du projet
La formation des vulgarisateurs par des séances de formation de courte durée et de recyclage périodique a permis de mettre en place un système proche de celui préconisé par la Banque mondiale (TV): groupes de contact villageois composé d'un paysan innovateur et de paysans suiveurs. 192 groupes ont été constitués, un par village et un encadreur par village. 12 t de la variété d'arachide proposée (2IE) ont été distribuées alors que l'objectif était de 5 t. Des 2 variétés de mais proposées, la première est mal acceptée à cause de ses caractéristiques organoleptiques et la deuxième a des semences de très mauvaise qualité. En 1987, 215 paysans ont cultivé du riz alors qu'il n'était pratiquement pas connu dans la région avant le projet.
Plus de 5.000 outils (houes et machettes) ont été vendus. Par contre, le matériel importé d'Europe ne se vend pas car son prix est trop élevé. La vente de 500 baches facilitant le séchage et permettant d'améliorer la qualité a été effectuée.
Un retard important a été pris dans les travaux de génie civil: 4 points d'eau seulement ont été aménagés (8% de l'objectif) et 4 batiments construits (33% de l'objectif).
L'unité de suivi-évaluation a réalisé un travail considérable en matière de suivi de la vulgarisation et de collecte de données de base sur la zone du projet et sur la population cible.
Les essais effectués au centre de recherche ont permis de retenir une variété d'arachide, une variété de mais et trois variétés de riz à diffuser par la vulgarisation (augmentation de rendement de 50%). Pour le manioc, le potentiel des variétés diffusées permet une augmentation de 50 à 518 par rapport aux résultats obtenus par les méthodes traditionnelles. Un réseau de 10 parcelles de 10 ares pour chaque culture, dans chaque secteur est créé chez des paysans volontaires. La culture attelée est testée au centre d'essai. Le centre participe à l'élaboration d'un programme de lacher aérien d'insectes prédateurs pour le controle de la cochenille.
Appréciation des effets du projet et de leur pérennité
Bénéficiaires: 2.914 paysans sont encadrés par le projet en 2ème année dont 20% appliquent les techniques améliorées sur trois cultures ou plus. Un nombre important de paysans non-encadrés et certains habitants de villages non contactés mettent en pratique la méthode du bouturage en ligne du manioc.
Le manioc est la seule culture pour laquelle les thèmes techniques préconisés ont été largement adoptés.
Il est difficile de mesurer l'effet du projet sur les rendements. Cependant, toutes les estimations effectuées montrent un net accroissement des rendements pour toute les cultures encouragées par le projet. L'augmentation de production serait de 500t/an pour le manioc, de 50t/an pour l'arachide et pour le mais.
Effets sur les revenus et les conditions de vie des femmes: l'effet du projet sur les femmes peut être considéré comme faible sur le plan technique car les thèmes techniques proposés pour l'arachide qui est la culture des femmes par exellence sont peu attrayant en raison du surcroit de travail qu'ils exigent. D'autre part, l'augmentation de la production de manioc a certainement eu un effet positif sur le revenu des femmes, celles-ci jouant un rôle important dans la transformation et la commercialisation de ce produit. L'introduction de la bâche pour le séchage diminue considérablement le travail et permet de le pratiquer en toute saison. Enfin, l'accroissement des revenus des ménages est un facteur important de sécurisation pour les femmes.
Effets sur l'environnement et sur la base de ressource: On observe un accroissement de la superficie cultivée en manioc soit sur défriche de savanne en tête d'assolement soit par une seconde culture de manioc sur manioc et non par introduction de la culture de riz tel que c'était prévu. Cet accroissement serait du aux augmentations de rendement obtenues par la mise en oeuvre de techniques nouvelles qui inciteraient les paysans à accroitre leur production. Ceci a tendance à entrainer une dégradation de l'environnement.
Principaux problèmes rencontrés
Une sous estimation des rendements et des revenus lors de l'évaluation rend caduque un certain nombre des données économiques sur lesquelles reposait le projet et par conséquence certains de ses objectifs.
A l'évaluation, le pays se relevait d'une période de sécheresse exceptionnelle (voir para 6). Les rendements ont été estimés par la mission d'évaluation à 5,5 t/ha de tubercule pour le manioc et à 300 kg/ha pour le sésame et les objectifs du projet à 6,5 t/ha pour le manioc et 375 kg/ha pour le sésame. Or, les enquêtes effectuées par les projet par la suite montrent que les rendements atteints en milieu paysan sont de l'ordre de 8 t/ha pour le manioc et 390 kg/ha pour le sésame. De même, l'estimation des revenus établie lors de l'évaluation (19.600 FCFA par ménage) semble avoir été faussée par les conditions conjoncturelles de l'époque. L'enquête du projet estimait le revenu monétaire moyen par ménage à 92.225 FCFA dont 45.300 en provenance de sources extérieures à l'agriculture.
Une faible exploitation des données collectées par l'unité de suivi-évaluation est parfois à l'origine de recommandations peu réalistes.
En ce qui concerne la suivi de la vulgarisation, si la régularité des enquêtes et des rapports réalisés est très satisfaisante, il conviendrait d'améliorer l'exploitation des données. En effet, dans plusieurs cas, les conclusions formulées ne sont pas toujours confrontées à d'autres observations d'ordre qualitatif rapportées par des données extra enquêtes, ce qui aurait permis de nuancer les affirmations et les conclusions tirées parfois trop hativement. De même, les données de base collectées pour certaines enquêtes (enquête sur la gestion des exploitations et enquête sur la nutrition) n'ont pas été suffisamment exploitées. Or, l'autonomie de l'unité de suivi-évaluation en matière d'exploitation des données est nécessaire pour qu'elle constitue un véritable outil de gestion et d'évaluation continue du projet.
Recommandations et leçons à tirer
Vulgarisation: il convient d'étendre la sensibilisation à tous les villages tout en mettant l'accent sur la formation collective par des séances de démonstration dans les champs des innovateurs. Il faudrait recruter au moins une paysanne innovatrice par village.
Fourniture d'intrants: le centre devrait produire lui-même les semences de mais pour en assurer la qualité. Les conditions dans lesquelles les paysans produiraient des semences d'arachide doivent être étudiées avant de lancer la production. Le thème de la conservation des semences doit être inscrit en priorité dans le programme de vulgarisation. Des cordeaux et des rayonneurs en bois doivent être mis à disposition des paysans pour qu'ils puissent réaliser leur semis en ligne. Il faudrait mettre à disposition des paysans des semences des cultures maraichères les plus courantes (tomate, oignon, salade).
Recherche: des programmes de recherche portant sur la détermination de la densité optimun du mais en galerie forestière, la comparaison pour le riz du semis à la volée et du semis en ligne, la mise au point d'un dispositif de semis d'arachide permettant en bouturant le manioc d'obtenir la densité optimale devraient permettre d'améliorer les messages techniques. Comme préalable à l'introduction de la culture attelée au niveau des exploitations, il est indispensable de mettre au point au centre d'essais un modèle de ferme où l'élevage et l'agriculture soient intégrés et où la jachère de courte durée serve à l'alimentation du bétail. Des recherches visant à produire des légumes de bonne qualité doivent aussi être menées.
A plus long terme, les objectifs de développement devraient être les suivants:
- pousuivre et intensifier l'application des thèmes techniques vulgarisés par le projet actuel;
- introduire progressivement la culture attelée dans le cadre de l'intégration de l'agriculture et de l'élevage;
- étendre les cultures maraichères à l'ensemble des exploitations en vue de satisfaire dans un premier temps les besoin alimentaires des paysans eux-même.
Il serait utile d'adopter un système de direction et de gestion qui renforce la concertation et le controle mutuel et de valoriser les acquis du service de suivi-évaluation en affinant les analyses des enquêtes.