Community-based Rural Development Project (2008) - IOE
Community-based Rural Development Project (2008)
Evaluation intermédiaire
Objectifs et démarche de l'évaluation. Cette évaluation intermédiaire du Deuxième programme national de gestion des terroirs conduite par le Bureau de l'évaluation du FIDA, intervient en fin de première phase (2002-2007). Elle vise, d'une part, à répondre à l'obligation du FIDA de rendre des comptes auprès de ses membres et partenaires par rapport aux résultats des opérations cofinancées et, d'une autre, à contribuer à l'apprentissage par les partenaires du projet, au profit de la deuxième phase du PNGT2 et d'autres projets et programmes en cours et futurs au Burkina Faso et dans la région.
L'évaluation est centrée sur 3 dimensions: (1) la performance du programme (pertinence, efficacité et efficience); (2) les impacts du programme sur la pauvreté rurale dans différents domaines ainsi que leur durabilité et le caractère innovant du projet; et (3) la performance du FIDA et de ses partenaires. Après une mission préparatoire en mars 2007 et un travail d'auto-évaluation par le projet, la mission principale d'évaluation s'est déroulée du 10 juin au 4 juillet 2007. Elle s'est appuyée sur un document d'orientation issu de la préparation et a combiné trois sources d'informations: entretiens avec les acteurs et partenaires du PNGT2 et des bénéficiaires, étude bibliographique et observations sur le terrain dans 6 provinces. En fin de mission une réunion de synthèse a été organisée au PNGT2 avec les différents Ministères (Finances et Budget, Agriculture, Hydraulique et Ressources Halieutiques) et les partenaires financiers et a permis de discuter de l'aide-mémoire de la mission. L'ébauche du rapport d'évaluation a été préparée et fait l'objet de commentaires de la Division Afrique de l'ouest et centrale du FIDA, du Gouvernement et de certains partenaires. Un Atelier de conclusion de l'évaluation a eu lieu le 22 novembre 2007 à Ouagadougou rassemblant les principaux partenaires du projet et du FIDA. Un Accord conclusif a été préparé intégrant les principales recommandations de l'évaluation débattues à cette occasion. Il a été approuvé par le Gouvernement du Burkina Faso et la Division Afrique de l'ouest et centrale du FIDA.
Contexte du pays. Le Burkina Faso est un pays enclavé qui couvre une superficie de 274 mille km2 pour une population estimée à 13,6 millions (à la mi-2006), sa densité démographique moyenne approchant les 50 habitants/km2. La croissance démographique est très élevée (3,1% entre 2000 et 2005), environ 81% de la population vivant dans les zones rurales. Le Produit National Brut (PNB) estimé pour 2006 était 1 213 $EU/habitant (à parité de pouvoir d'achat), classant le pays parmi les plus pauvres du monde et à peu près au milieu du classement en Afrique de l'ouest. Depuis 2001, l'économie a connu une croissance moyenne soutenue de 6,3% par an (la plus élevée d'Afrique de l'ouest). Bien qu'elle s'appuie sur de bonnes complémentarités agro-écologiques entre zones sahéliennes et soudaniennes, l'agriculture est vulnérable dans une grande partie du pays. Outre les aléas climatiques fréquents, elle doit faire face à une saturation croissante de l'espace, un faible niveau technologique et des fortes fluctuations des prix, d'où une productivité relativement faible. La pauvreté est ainsi plus accentuée dans les zones rurales où près de trois pauvres sur quatre sont des agriculteurs vivriers. La participation des femmes à la vie économique et la prise de décision est contrainte par des raisons économiques (pauvreté), sociales et culturelles engendrant leur retard de scolarisation, leur confinement aux activités domestiques, une situation sanitaire médiocre et un manque d'opportunités d'emplois et de crédit.
Stratégie du FIDA au Burkina Faso. Le COSOP date de 1998, donc d'avant le premier Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et la Stratégie de croissance durable de l'agriculture du pays. Le FIDA propose une assistance accrue au pays et la plus haute priorité à la durabilité des actions de développement. A ce titre le FIDA doit contribuer à l'accroissement de la production agricole et des revenus tout en assurant la protection de l'environnement, la conservation des eaux et des sols et la lutte contre la désertification. Il doit contribuer à amorcer les activités rémunératrices non agricoles dans les zones rurales. Le FIDA continuerait à répondre aux besoins de services ou d'infrastructures ruraux, mais exclusivement dans un processus participatif d'identification, d'exécution et d'entretien des structures et institutions s'y rapportant.
Le COSOP choisit clairement les femmes rurales, en plus des ruraux pauvres et vulnérables comme groupe cible prioritaire. Depuis 1981, le FIDA a financé 10 projets de développement rural au Burkina Faso pour un coût total de plus de 316 millions $EU. Quatre projets cofinancés par le FIDA sont actuellement en cours dans le pays.
Le projet. Le Deuxième programme national de gestion des terroirs (PNGT2) était un projet d'envergure nationale, couvrant toutes les régions rurales du Burkina Faso. Le projet venait en appui au Programme national de développement rural décentralisé (PNDRD) initié par la Banque mondiale (IDA), conçu sur 15 ans avec 3 phases de 5 ans. La phase 1 démarrée en avril 2002 a pris fin au 30 juin 2007. Elle est intervenue directement dans 26 provinces et indirectement par le biais d'autres opérateurs, dans 7 autres provinces du pays.
Objectifs et composantes. L'objectif général du projet, selon le Rapport et recommandation du Président du FIDA, était de « Lutter contre la pauvreté et promouvoir un développement durable dans les régions agricoles, mettant fin au cercle vicieux de la pauvreté rurale et de ses corollaires: dégradation des ressources naturelles, diminution de la production et baisse de la qualité de vie ». Les objectifs spécifiques étaient de: i) améliorer le rendement des investissements publics au niveau local; ii) améliorer la capacité de gestion des groupes bénéficiaires et de leurs institutions; iii) améliorer la capacité d'absorption des zones rurales ; et iv) améliorer l'accès des paysans pauvres aux infrastructures et aux moyens de production, aux services sociaux et à la protection de l'environnement. Le PNGT2 comptait 5 composantes, présentées avec leurs objectifs opérationnels dans le tableau ci-dessous.
Composantes et objectifs opérationnels du PNGT2
Composante | Coût (%) |
Objectif opérationnel |
Renforcement des capacités locales |
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Améliorer les capacités organisationnelles, techniques et de gestion des populations rurales et de leurs institutions pour la gestion participative de leur développement et l'exécution de microprojets villageois et inter-villageois |
Fonds d'investissement local |
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Financer des microprojets villageois et inter-villageois exécutés moyennant une approche de maîtrise d'ouvrage locale, afin d'améliorer l'accès des populations rurales aux infrastructures et services sociaux et économiques |
Renforcement des capacités institutionnelles |
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Développer un environnement institutionnel favorable aux niveaux provincial et national pour le développement rural décentralisé |
Opérations pilotes de sécurisation foncière |
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Promouvoir des améliorations durables et équitables du système foncier rural pour contribuer à la paix et à l'équité sociale, et à la préservation et la restauration des ressources naturelles |
Administration, suivi et coordination du projet |
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Assurer la bonne coordination et gestion administrative du programme |
Source: RRP FIDA (Mai 2000), Accord de prêt No. 535-BF (Novembre 2001) et Document de pré-évaluation IDA (Octobre 2000).
Populations ciblées. Le PNGT2 ciblait les habitants de 2 000 villages dans les 45 provinces du pays, choisis sur la base du degré de dégradation des RN, la faiblesse du revenu des populations, l'existence d'organisations villageoises dynamiques, la cohésion sociale, le désir de collaborer avec le projet et l'absence d'autres projets de développement. Au sein de ces villages, les actions du projet (et donc dans une certaine mesure leurs bénéficiaires) ont été déterminées par assemblée villageoise, et gérées par des Commissions villageoises de gestion de terroir (CVGT). A la fin du projet, plus de 3 000 villages ont été couverts.
Coûts et financement. Le coût total de la première phase du PNGT2 était estimé à 114,85 millions $EU. Sa source de financement principale provenait de la première tranche d'un crédit de programme adaptable de l'IDA (66,7 millions $EU). Le projet était cofinancé pari passu par un prêt du FIDA (No. 535-BF) d'un montant de 11,44 millions $EU et à des termes hautement concessionnels. Il était prévu une contribution de contre-partie du Gouvernement de 14,30 millions $EU et une contribution des bénéficières de 9,15 millions $EU. Le Danemark s'était engagé à un don de 4,2 millions $EU pour financer le système de suivi-évaluation (S-E). Il faut mentionner aussi les importantes contributions du PNUD, à travers le financement du Projet d'appui à la concertation et à la gouvernance locale, et du Fonds pour l'environnement mondial, à travers le Sahel Integrated Lowland Ecosystem Management Project, tous deux projets étant intégrés dans le PNGT2. Près de 48% des financements du projet étaient destinés au Fonds d'investissement local (FIL), alors que 9,5% étaient prévus pour sa coordination, gestion et son S-E.
Conception. De nombreux points forts du projets peuvent être attribués à sa conception: i) La conception s'est appuyée utilement sur différents axes majeurs de la politique nationale: Lettre de politique de développement rural décentralisé, stratégies de réduction de la pauvreté et de développement rural, Textes d'orientation de la décentralisation; ii) Le mode de maîtrise d'ouvrage locale à très grande échelle retenu pour la mise en œuvre des micro-projets du guichet villageois, constituait une innovation de taille par rapport aux approches classiques des projets de vulgarisation. L'approche participative et décentralisée s'appuyait sur les expériences amorcées par plusieurs projets précédents depuis le début des années 90. Elle apparaissait bien de nature à renforcer davantage la crédibilité du projet et la responsabilisation des communautés bénéficiaires; iii) L'approche programme, en lien avec le PNDRD avec trois phases progressives manifestait la volonté nationale d'intervenir massivement et de manière coordonnée pour répondre aux enjeux de développement rural à l'échelle du pays, tout en accompagnant les transformations majeures induites par le processus de décentralisation; et iv) La conception misait aussi sur des démarches d'apprentissage par l'action, capitalisant l'expérience et faisant évoluer les dispositifs.
La conception du PNGT2 comprenait pourtant aussi un nombre de faiblesses qui ont entravé la performance du projet, notamment: i) Un manque de réalisme et d'opérationnalité dans les domaines de la gestion des ressources naturelles (GRN) et de la sécurisation foncière, pourtant fortement mis en avant dans les objectifs du projet; ii) Une prise en compte insuffisante des autres expériences dans le développement local qui aurait permis d'appréhender plus objectivement et précisément les innovations en lien avec les différents scénarios possibles pour la mise en place des communes rurales. Ainsi, les opportunités de planification et de concertation au niveau départemental ont été totalement négligées par les concepteurs du PNGT2; iii) La démarche de planification locale proposée laissant peu de possibilité d'ajuster les réalisations aux attentes particulières des plus pauvres, des femmes et des jeunes ruraux et l'absence d'une stratégie de ciblage des populations défavorisées; iv) Une sous-estimation des besoins d'animation et d'accompagnement des CVGT à l'exercice de la maîtrise d'ouvrage locale; et v) L'absence d'un minimum d'appui-conseil en technique et gestion pour favoriser les petites entreprises locales et les accompagner à la décentralisation en lien avec les communes, alors que le projet se basait entièrement sur le faire-faire.
En résumé, l'évaluation estime que les grandes orientations et les principes de conception du PNGT2 étaient pertinents. A l'échelle considérée, l'expérimentation du transfert de maîtrise d'ouvrage au niveau villageois était une proposition aussi ambitieuse que courageuse à souligner. En revanche la définition de la composante sécurisation foncière, comme le ciblage se sont montrés insuffisamment opérationnels. La pertinence du projet est ainsi jugée satisfaisante.
Mise en œuvre et résultats du projet. D'une manière globale les résultats quantitatifs impressionnants affichés par le suivi-évaluation du projet, tant dans le domaine des ressources physiques qu'humaines, sont à rapprocher de la gestion d'ensemble du PNGT2. Ils témoignent d'une efficacité réelle de la coordination du projet et des ressources humaines mobilisées: 3 013 villages appuyés sur les 2 000 prévus, 9 622 conventions de cofinancement octroyées au titre du Guichet villageois.
Le renforcement des capacités locales s'est articulé autour de: l'établissement et la formation de CVGT (2 981) et CIVGT (7), la planification villageoise sur la base de la demande des communautés (2 986 PGT), la formation des populations en techniques de production et de GRN, l'alphabétisation d'une partie importante des populations (58 000 personnes en alphabétisation initiale et 36 000 en secondaire), la sensibilisation et la formation en matière de santé (nutrition et SIDA - auprès de 1946 personnes) et l'organisation de la gestion-entretien des investissements (mise en place de Comités et d'outils de gestion simples). L'approche de maîtrise d'ouvrage locale développée à grande échelle a constitué indéniablement une étape importante dans la reconnaissance et l'apprentissage très concret des responsabilités par les CVGT. Même si beaucoup reste à faire pour renforcer l'autonomie de ces organisations et la transparence de leur mode de fonctionnement, un pas important a été franchi en matière de décentralisation des prises de décision entre projet et populations. En revanche les résultats apparaissent plus modestes dans la mise en place de systèmes de gestion durable des infrastructures collectives.
La composante FIL a consisté à mettre au point et mettre en œuvre une démarche de cofinancement des investissements communautaires impliquant la maîtrise d'ouvrage locale (manuel des procédures, formation des cadres…). A travers le guichet villageois et le guichet provincial, près 9 700 conventions ont pu être signées et 18 250 microprojets réalisés. Un peu plus de 18 000 $EU ont été investis en moyenne par village. Le coût moyen des microprojets réalisés s'est élevé à 1,73 millions de FCFA. La qualité des résultats physiques apparaît globalement bonne et hormis les banques céréalières et magasins d'intrants, les constructions sont utilisées aux fins prévues (hydraulique, santé, éducation). En dehors des travaux de CES utiles et appréciés par les bénéficiaires, les résultats sont plus réservés pour les aménagements agro-pastoraux du fait de plusieurs contraintes rencontrées: conception technique de certains ouvrages, accès au foncier des groupes défavorisés, méconnaissance des filières possibles, pratiquement pas de prise en compte des actions de gestion collective des ressources naturelles à proprement parler. Le guichet provincial n'a pas connu le développement espéré à cause de procédures trop lourdes de passation des marchés au niveau national et l'absence d'une démarche permettant de faire émerger des projets structurants au niveau inter-villageois.
Pour promouvoir un environnement institutionnel favorable au développement rural décentralisé aux niveaux provincial et national, la composante de renforcement institutionnel s'est appuyée sur cinq grands champs d'activités, à savoir l'établissement ou la revitalisation des Comités de concertation technique provinciaux (481 sessions des 45 CCTP), le renforcement des capacités des prestataires de services (1 337 personnes formées), le développement d'outils d'aide à la décision au niveau communal et régional (guides méthodologiques d'élaboration des plans de développement communaux et régionaux), l'appui au processus de décentralisation en zone rurale (contribution à plusieurs chantiers d'élaboration des textes d'Orientation sur la décentralisation, Code général des collectivités territoriales…) et, finalement, l'appui aux structures chargées de la décentralisation (soutien logistique au MATD).
Pour répondre à l'objectif ambitieux de la composante OPSF qui était de promouvoir des améliorations durables et équitables au système foncier rural, le PNGT2 a organisé cette composante autour de cinq axes: le développement d'un guide pratique de sécurisation foncière, l'appui au fonctionnement d'un forum national de réflexion et d'échange d'expériences, l'ébauche d'une stratégie et d'un plan d'action national en matière de sécurisation foncière, le développement d'une démarche et des outils pour la sécurisation foncière des investissements communautaires et le développement d'une démarche et des outils de règlement à l'amiable des différends entre agriculteurs et éleveurs. La mise en œuvre de cette composante a connu de grandes difficultés qui ont nécessité un recentrage stratégique à la revue à mi-parcours de 2004.
Efficacité du projet. A la clôture du prêt, le 31 décembre 2007, le projet avait déboursé 99,46% de son coût estimé à la pré-évaluation et 99,85% du prêt FIDA. Au vu des objectifs spécifiques du projet présentés dans le paragraphe 5, le projet a été très efficace en termes d'amélioration de l'accès des paysans pauvres aux infrastructures sociales. Des réalisations physiques utiles ont été réalisées dans un grand nombre de villages touchant à la santé, à l'éducation et l'accès à l'eau potable.
Le projet a aussi réussi assez bien à améliorer la capacité de gestion des groupes de bénéficiaires, en particulier la capacité des CVGT à gérer des microprojets d'investissement local. Le rendement des investissements publics au niveau local a été amélioré ainsi que la capacité d'absorption des zones rurales. En matière de renforcement institutionnel, le PNGT2 a soutenu avec succès le processus de décentralisation engagé au niveau national, et stimulé la concertation entre les acteurs du développement rural à l'échelle provinciale. L'efficacité du projet était pourtant parfois assez faible sur le plan qualitatif, notamment en ce qui est du renforcement des capacités locales de gestion des ressources et infrastructures communautaires. La composante sécurisation foncière malgré son réajustement à mi-parcours n'a pas réussi à atteindre les résultats espérés. Globalement, le PNGT2 a atteint en grande partie ses objectifs et nous estimons donc que l'efficacité du projet était satisfaisante.
Efficience. Le dispositif de gestion de ce projet de grande envergure a été assez efficient sur le plan de l'utilisation des ressources humaines. Par ailleurs, les microprojets réalisés dans le cadre du FIL moyennant une maîtrise d'ouvrage locale ont présenté un bon niveau d'efficience, tant au niveau de la rentabilité interne et de l'efficience des coûts (comparaison faite aux coûts standards en vigueur au Burkina Faso). On relèvera pourtant l'insuffisante mise en valeur de certains types d'infrastructures (banques céréalières, magasins d'intrants) et la faible viabilité des systèmes de gestion de nombreuses réalisations, qui conduisent à apprécier l'efficience du projet comme modérément satisfaisante.
Le Gouvernement et ses différentes agences. ont fait preuve dans l'ensemble d'une performance satisfaisante pour la conduite d'un projet de grande ampleur et aux enjeux aussi importants eu égard à la décentralisation. Même si sa contrepartie a été revue à la baisse, l'Administration a évité la rupture de financement, préfinançant certaines dépenses. L'Assemblée nationale s'est intéressée au projet et a fait reconnaître l'approche de maîtrise d'ouvrage locale engagée tout en faisant évoluer l'intervention. Cependant, l'implication des services techniques aurait pu être plus franche et déterminée, pour faciliter l'internalisation des démarches de maîtrise d'ouvrage locale et un suivi à plus long terme.
Bailleurs de fonds. Le FIDA a apporté une partie significative du financement du projet, mais son implication dans la conception, la mise en œuvre et le suivi du PNGT2 était faible. La gestion du prêt au niveau du FIDA a laissé à désirer, notamment au vu de sa lenteur de réaction par rapport à d'importants blocages procéduriers. Le FIDA a été impliqué assez tardivement dans la conception, ce qui l'a empêché de faire valoir ses préoccupations pertinentes, notamment itérées dans les comités de revue technique (TRC) et d'orientation de la stratégie opérationnelle et des politiques (OSC). Ensuite, le FIDA n'a pas réussi à atténuer se manque de prise en compte de ses préoccupations au cours de la mise en œuvre du projet. Ceci tient notamment du fait que le FIDA ait délégué la supervision et l'appui technique au co-bailleur principal du projet (IDA), ce qui a limité l'influence du FIDA sur le déroulement du projet. Le FIDA n'a pas fourni suffisamment d'efforts pour suivre et analyser les expériences du projet, et assurer une complémentarité et synergie avec les autres projets du programme pays du FIDA en vue de combler certaines lacunes dans la conception du PNGT2. L'évaluation a donc jugé la performance du FIDA modérément insatisfaisante. La pertinence de la conception du projet ainsi que des ajustements recommandées à la de Revue à mi-parcours, peuvent en grande partie être attribués à l'IDA.
Cependant, l'IDA n'a que très partiellement respecté ses obligations auprès du FIDA en tant qu'institution coopérante. Faute d'effort de la part des bailleurs, y compris l'IDA, le partenariat et la coordination entre bailleurs sont restés en deçà des attentes et n'ont pas conduit à la synergie espérée. La performance globale de l'IDA comme bailleur de fonds et comme institution coopérante du FIDA est estimée modérément insatisfaisante.
Appréciation générale. A la fin de sa première phase, le PNGT2 a déjà obtenu un début d'impact important, principalement à 3 niveaux: 1) la dotation de 3/8 des villages du pays en un nombre d'infrastructures et services sociaux essentiels répondant aux priorités de la majorité des habitants; 2) la création de conditions humaines et sociales favorables pour une maîtrise d'ouvrage au niveau villageois; et 3) une contribution indéniable au processus de décentralisation en cours au Burkina Faso. Pourtant, les risques inhérents à la démarche de planification communautaire sont de notoriété et faute d'une stratégie volontariste et efficace de ciblage, il a été difficile de toucher spécifiquement les catégories les plus démunies, et en particulier les femmes et les jeunes, comme il est mis en avant dans le RRP du FIDA.
Capital social et renforcement du pouvoir. Le PNGT2 a contribué au renforcement du pouvoir des populations à travers la planification participative initiale, mais surtout par la promotion de la maîtrise d'ouvrage locale. Les populations disent se sentir actrices réelles de leur développement, faisant tout elles-mêmes, brisant ainsi la dépendance et l'assistanat. Pourtant, l'impact sur l'émancipation des groupes traditionnellement marginalisés (femmes, jeunes, allochtones) reste faible et les modes de gouvernance locale nécessitent un long apprentissage de la transparence dans les décisions et la gestion. Alors que la mise en place systématique des COGES semble peu apte à générer des systèmes de gestion équitables et durables des infrastructures, l'expérimentation des CVRDAE permet d'espérer des évolutions appréciables en matière de paix sociale entre différents usagers de l'espace. En somme, l'évaluation estime l'impact du projet sur le capital social des populations rurales jusqu'à présent modérément satisfaisant.
Capital physique. Le financement d'un nombre très important d'infrastructures grâce au FIL a permis un renforcement significatif des équipements socio-économiques. C'est dans le domaine des équipements d'hydraulique villageoise que la portée du PNGT2 est la plus conséquente avec 2 500 forages ou puits construits ou réhabilités assurant un accès à l'eau potable à près de 750 000 habitants. De manière générale, l'action du projet a permis de renforcer le patrimoine des communautés et par là même d'atténuer certaines disparités locales et régionales. Dans le domaine des infrastructures productives les impacts sont moins importants que dans le domaine socio-éducatif et sanitaire, certaines banques céréalières et certains magasins notamment étant mal valorisés. En résumé, l'impact du PNGT2 sur le capital physique des populations rurales est jugé satisfaisant.
Environnement et ressources communautaires. Les aménagements de CES et l'incitation à l'installation des fosses fumières sont reconnus pour leurs effets en matière d'augmentation des rendements agricoles. Ils jouent aussi un rôle environnemental certain en matière de régénération de la fertilité des sols et de lutte contre l'érosion. Le PNGT2 a eu des impacts intéressants dans les villages concernés même si les surfaces traitées par village demeurent modestes pour avoir un effet significatif sur le bassin versant. Cependant, ce qui concerne la gestion des ressources naturelles communes, beaucoup d'échecs dans les plantations collectives et très peu d'actions de gestion ont fait que la portée du PNGT2 est restée très limitée. Globalement et jusqu'à présent les impacts environnementaux du projet sont considérés comme insuffisants pour un projet qui fait référence à la gestion des terroirs.
Capital humain. Les différentes actions, notamment de formations ont eu des effets assez perceptibles sur le développement du capital humain au niveau des différentes communautés ciblées. L'accès à l'eau potable, aux services de santé, informations sur le VIH-Sida contribuent à améliorer la santé des populations. Les infrastructures scolaires, bien valorisées, ont permis de renforcer le taux de scolarisation en particulier des filles. L'évaluation juge que le PNGT2 a eu un impact satisfaisant sur le capital humain.
Production agricole. Les impacts sont appréciables au travers des aménagements CES à la parcelle, grâce aux cordons pierreux, aux techniques de zaï et à l'apport de fumier des fosses fumières. Ces techniques permettant une augmentation significative de la production sur des espaces souvent incultes. Par contre les impacts sont à pondérer par les aménagements de bas-fonds et les jardins dont la portée est jugée plus limitée. Les équipements en parcs à vaccination sont susceptibles d'améliorer la production des troupeaux. Considérant que, en fin de compte, les impacts restent modestes par rapport aux objectifs et à l'envergure du projet, l'évaluation estime que les impacts du PNGT2 sur la production agricole ne sont que modérément satisfaisants.
Institutions et services. Les premiers impacts perçus dans ce domaine sont satisfaisants, d'abord et surtout par la contribution importante du projet au processus de décentralisation. L'expérience de maîtrise d'ouvrage confiée aux CVGT comme la participation du projet à différents fora sur les politiques, ont enrichi la législation et accéléré le processus de décentralisation. L'appui aux CCTP a également apporté une contribution significative à la mise en œuvre des missions de concertation et la coordination entre les institutions concernées par le développement rural au niveau provincial.
Durabilité, appropriation des acquis. Difficile à apprécier à ce stade faute de recul nécessaire, on note cependant un certain nombre d'indices favorables. Ce sont notamment la bonne acceptation des microprojets émanant des planifications villageoises, et l'émergence d'organisations communautaires (CVGT et CG) susceptibles de capitaliser et de pérenniser les effets des infrastructures réalisées. En revanche certains indices ne sont pas favorables à la durabilité et l'appropriation des acquis: la non-viabilité économique et la sous utilisation de certains équipements (banques céréalières et magasins), la fragilité des comités de gestion des infrastructures, l'absence de dispositifs de financement pérenne du fonctionnement des CCTP… En somme, l'évaluation estime à ce stade que la durabilité et l'appropriation des acquis du projet n'est que modérément satisfaisante.
Innovations, reproductibilité et changement d'échelle. Sur le plan organisationnel et institutionnel, en centrant sa démarche sur l'apprentissage de la maîtrise d'ouvrage des communautés à la base, le projet a été très innovant et a posé les fondements pour un élargissement d'échelle dès sa phase suivante. En revanche, le projet a manqué d'analyse critique pour introduire plus de rigueur dans le montage des microprojets économiques et environnementaux, permettant de déboucher sur des microprojets et des modalités de gestion véritablement innovants et adaptés localement. En somme, l'évaluation juge le caractère innovant du projet satisfaisant.
Conclusions et recommandations
Appréciation globale. Les points forts notés sont la pertinence, l'efficacité, la performance du Gouvernement et des entreprises locales, les impacts en matière de capital physique, capital humain et sur le plan institutionnel, et le caractère innovant du projet. Les impacts étaient moins marquants en matière de capital social et assez diffus dans le domaine de la productivité agricole. Ils étaient faibles au niveau de l'environnement et des ressources communautaires. Il reste aussi un nombre d'inquiétudes par rapport à la durabilité des résultats du projet. L'appréciation globale du PNGT2 est donc jugée modérément satisfaisante. Les scores donnés aux différents critères d'évaluation par cette évaluation intermédiaire sont résumés dans le tableau ci-dessous.
1 attribués par l'évaluation intermédiaire du PNGT2 aux différents critères d'évaluation
Critères de l'évaluation | Score |
|
Performance du projet |
Pertinence |
5 |
Efficacité |
5 |
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Efficience |
4 |
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Performance du projet 2 |
4.7 |
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Appréciation globale |
Impacts du projet |
4 |
Durabilité et appropriation |
4 |
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Innovations, reproductibilité et changement d'échelle |
5 |
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Appréciation globale 3 |
4 |
Performance des partenaires |
Gouvernement |
5 |
IDA |
3 |
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FIDA |
3 |
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Source: Evaluation intermédiaire du PNGT2. |
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Recommandations. L'évaluation fait cinq recommandations. La première recommandation concerne l'implication du FIDA dans les phases suivantes du PNGT2. Les quatre recommandations suivantes traitent de questions stratégiques qui devraient être prises en compte par le Gouvernement dans les phases suivantes du projet. Ces questions pourraient aussi faire l'objet de l'implication future du FIDA dans le PNGT2. Les recommandations sont les suivantes:
- Le FIDA devrait s'impliquer dans les prochaines phases du projet à travers une intervention complémentaire en partenariat étroit et entièrement alignée au PNGT2 et le PNDRD.
- Les prochaines phases du projet devraient assurer que les plus pauvres, les plus marginalisés et les plus vulnérables parmi la population rurale active, puissent participer pleinement dans les interventions et bénéfices du projet.
- Il est important que les prochaines phases du projet assurent que les capacités développées au niveau des communautés villageoises soient mises en valeur pour assurer la qualité des services publics à livrer par les communes et les services techniques de l'état.
- Les phases suivantes du PNGT2 devraient porter une attention particulière à la durabilité des investissements locaux
- Les approches de planification et de maitrise d'ouvrage locales devraient être adaptées pour faciliter les projets communautaires de gestion des ressources naturelles, et pour intégrer, de manière transversale, la sécurisation foncière.
Les scores sont attribués sur une échelle de 1 à 6 (6=très satisfaisant; 5=satisfaisant; 4=modérément satisfaisant; 3=modérément insatisfaisant; 2=insatisfaisant; 1=très insatisfaisant).
Le score pour la performance du projet est la moyenne des scores donnés à la pertinence, l'efficacité et l'efficience du projet.
Le score donné à l'appréciation globale du projet est décidé par l'équipe d'évaluation en prenant en compte la performance du projet, ses impacts, leur durabilité et le caractère innovant du projet.