Niger Country Programme Evaluation (2011) - IOE
Niger Country Programme Evaluation (2011)
Résumé exécutif
Objectifs et grands axes de l'évaluation. En 2009, le Bureau indépendant de l'évaluation du Fonds international de développement agricole (FIDA) a été chargé d'entreprendre une première évaluation du programme de pays (EPP) du FIDA au Niger. Cette évaluation, conduite dans l'esprit de la Politique du FIDA en matière d'évaluation et du manuel méthodologique élaboré par le Bureau, a pour objectifs principaux d'évaluer la performance et l'impact des opérations du FIDA au Niger et de générer une série de conclusions et de recommandations de nature à alimenter la formulation du futur programme stratégique du FIDA pour le Niger. Afin d'atteindre ces objectifs, l'évaluation apprécie la performance des trois composantes du partenariat entre le Gouvernement nigérien et le FIDA, qui se renforcent mutuellement, à savoir : le portefeuille de projets et de programmes, les activités hors prêts et les deux Programmes d'options stratégiques pour le pays (COSOP) concernant le Niger. L'évaluation du portefeuille, qui comprend sept projets et programmes, couvre la période allant de 1997 à 2009.
Contexte national. Le Niger est un pays sahélien enclavé dont les deux tiers de la superficie sont désertiques. En 2007, 62% de la population vivaient encore en dessous du seuil de pauvreté, dont les deux tiers en milieu rural. Les autres indicateurs socioéconomiques du Niger sont aussi très faibles. Les femmes et les jeunes sont particulièrement touchés par la pauvreté. Environ 82% de la population est rurale, cette population se concentrant dans la frange sud du pays. La croissance démographique du Niger, l'une des plus élevées au monde, constitue un défi considérable pour le développement du pays. Le paysage sociopolitique du pays a régulièrement été marqué par des troubles sociaux, conflits armés internes et crises politico-institutionnelles. Le cadre macroéconomique du Niger s'est toutefois amélioré ces dix dernières années, notamment grâce à des réformes structurelles et une réduction significative de la dette extérieure. La gouvernance au Niger reste pourtant affectée par une forte dépendance à l'égard de l'aide extérieure, l'instabilité des institutions et de leurs cadres, l'insuffisance des moyens dont disposent les services techniques déconcentrés et les communes, et l'importance de la corruption au sein de l'administration. Ces problèmes de gouvernance freinent la mise en œuvre des stratégies visant à réduire la pauvreté. L'aide extérieure en faveur de l'agriculture et du développement rural au Niger a connu une croissance notable de 1998 à 2007 (553,4 millions d'USD sur dix ans), mais les effets de cette aide pâtissent de la faible capacité d'absorption du pays. Le niveau d'investissement dans les infrastructures socioéconomiques reste très faible. Le secteur privé et les organisations de la société civile sont peu développés et vivent également dans une large mesure de l'aide au développement.
La domination de l'agriculture et de l'élevage et la faible diversification intra-sectorielle rendent l'économie du Niger très vulnérable aux aléas climatiques et aux marchés. Le secteur informel compte pour 70% du produit intérieur brut, ce qui explique en partie l'étroitesse de l'assiette fiscale du pays. L'agriculture de subsistance traditionnelle est en crise sous l'effet combiné de la pression démographique et de la forte dégradation des ressources naturelles. Par conséquence, les ménages ruraux doivent recourir aux marchés pour s'approvisionner en vivres produits localement ou importés. Ils sont donc obligés de diversifier leurs sources de revenu. Le Niger dispose d'un important potentiel en eau dont moins d'un tiers est actuellement exploité. L'accès limité à la terre des ménages agricoles vulnérables, les femmes en particulier, est un obstacle important à l'amélioration de leurs revenus et de leur sécurité alimentaire.
Le FIDA au Niger. Le FIDA a élaboré deux COSOP pour le Niger (en 1999 et 2006). Les objectifs stratégiques du COSOP de 1999 concernaient l'amélioration de l'accès des pauvres aux services financiers, la gestion des ressources naturelles, l'utilisation des débouchés offerts par le marché régional, l'adoption d'une approche participative pour le développement des organisations de base, et l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base. Le COSOP de 2006 renonce à l'objectif lié aux services financiers ruraux, mais rajoute, dans le contexte de la crise alimentaire de 2004 - 2005, un objectif stratégique de réduction de la vulnérabilité et de renforcement de la sécurité alimentaire des ménages ruraux. Pour le COSOP de 2006, le FIDA et le gouvernement ont convenu de concentrer les interventions financées par le FIDA sur la région de Maradi, où vivent 20% de la population du pays et qui a été la région la plus touchée par la crise alimentaire de 2004-2005. Sur le plan sous-sectoriel, les deux COSOP sont principalement axés sur le développement agricole et la gestion des ressources naturelles, le renforcement des capacités locales et le développement institutionnel, l'appui aux services financiers ruraux et la création de fonds d'investissement locaux, et l'appui aux infrastructures et services ruraux. Les groupes cibles des interventions du FIDA sont les petits producteurs (agriculteurs et pasteurs), les femmes les plus vulnérables et les jeunes ruraux sans emploi.
Depuis 1980, le FIDA a contribué au financement de huit projets et programmes au Niger, pour un coût total de 234,6 millions d'USD couvert à hauteur de 45% par les prêts du FIDA. Ainsi, ces dix dernières années, le FIDA a fourni environ 8,5% du montant total de l'aide aux secteurs rural et agricole du Niger. Le budget alloué au Niger en application du Système d'allocation fondé sur la performance (SAFP) mis en place par le FIDA est passé de 4 millions d'USD à 6,2 millions d'USD par an entre 2005 et 2009. L'allocation fixée pour le cycle du SAFP 2007-2009 était de 16,65 millions d'USD et ce montant sera doublé pour le cycle 2010-2012.
Dans l'ensemble, les projets visent à améliorer les revenus et les conditions de vie des populations rurales pauvres. Les objectifs spécifiques du portefeuille évalué concernent principalement la gestion des ressources naturelles, le développement des institutions de base et le renforcement des capacités, l'amélioration de l'accès aux services financiers ruraux, les progrès de la productivité de l'agriculture et de l'élevage, et l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base en zone rurale. Les dons d'assistance technique appuient des domaines divers tels que la recherche-développement, l'innovation et la diffusion de technologies agricoles améliorées, les infrastructures, la gestion des ressources naturelles et le développement agricole. Le montant total des dons généralement couplés à un projet financé par le FIDA, s'élève à environ 1,62 million d'USD.
Les interventions du FIDA au Niger sont exécutées par les institutions gouvernementales. Toutefois, en application du principe d'externalisation, la mise en œuvre d'une grande partie des activités est déléguée à des ONG, des bureaux d'études et des services techniques déconcentrés, en vue de favoriser le développement de l'offre de services locaux. Des partenariats avec d'autres partenaires techniques et financiers sont prévus pour le financement et la mise en œuvre des projets, en partie dans le cadre des mécanismes de coordination entre le Gouvernement et les donateurs déjà en place. Les projets financés par le FIDA au Niger ont été cofinancés principalement par la Banque mondiale, l'Agence française de développement, le Programme alimentaire mondial, la Banque ouest-africaine de développement, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Fonds belge de sécurité alimentaire.
Appréciation du portefeuille. Dans l'ensemble, les objectifs des projets concordent avec les politiques et stratégies du Gouvernement et du FIDA. Le portefeuille répond assez bien aux besoins des populations rurales pauvres, et il a fait preuve d'une souplesse satisfaisante lorsqu'il s'est agi de faire face aux urgences et à l'évolution de la situation. Alors que les objectifs et l'envergure des premiers projets dépassaient la capacité de gestion des équipes de projet, on constate ces derniers temps une évolution vers une plus forte implication des institutions locales et une plus forte concentration géographique des interventions. En revanche, l'attention portée à l'agriculture irriguée, à l'élevage, aux activités extra-agricoles et à l'accès des populations rurales pauvres aux marchés a été trop faible, alors que les perspectives sont importantes dans ces domaines. Le partenariat avec les services techniques déconcentrés et les communes (dont la création ne date que de 2004) n'a pas été suffisamment développé, mais il sera au cœur du prochain projet cofinancé par le FIDA (Initiative de réhabilitation et de développement agricole et rural – Renforcement des capacités institutionnelles). Ainsi, la pertinence du portefeuille est jugée modérément satisfaisante.
Pour ce qui est de l'efficacité du portefeuille, des résultats probants ont été obtenus dans le domaine de la remise en valeur des terres au niveau des exploitations agricoles et, dans une moindre mesure, au niveau de la gestion de l'eau pour l'irrigation à petite échelle. Sur le plan local, ces résultats ont contribué à l'essor de la productivité de l'agriculture et de l'élevage. On constate aussi une amélioration modeste de l'accès des populations aux services financiers ruraux, mais celle-ci n'a généralement pas perduré une fois le projet achevé. La construction et la remise en état de pistes rurales ont dépassé les prévisions. Globalement, pourtant, les résultats n'ont pas été à la hauteur des prévisions et des besoins. Les projets n'ont pas contribué de manière significative à la mise en place d'une gestion effective des ressources naturelles communautaires, ni au développement de services financiers accessibles aux populations rurales pauvres. Par ailleurs, la mise en place d'infrastructures hydrauliques, éducatives et sanitaires est très inférieure aux prévisions. C'est la raison pour laquelle l'efficacité du portefeuille est jugée modérément insatisfaisante.
Les processus de démarrage et de gestion, auparavant relativement lents, semblent s'être améliorés considérablement depuis quelques années. Le rapport entre le taux de réalisation matérielle et le taux des dépenses de fonctionnement des projets est systématiquement très bas, ce qui s'explique, entre autres, par la faible capacité des Unités de gestion de projet (UGP), les fréquentes ruptures de financement et la prolongation d'au moins une année de tous les projets menés à terme au Niger. Le coût des réalisations matérielles des projets est généralement inférieur au coût standard au Niger, notamment grâce à une bonne implication des communautés et des services de l'État dans les travaux et à des conditions topographiques et climatiques favorables. La rentabilité des investissements est cependant assez variable, en fonction des possibilités et des difficultés de valorisation. Les volets des projets relatifs au financement rural ont généralement donné lieu à des pertes de fonds importantes, au détriment de l'efficience du portefeuille. En conséquence, celle-ci est jugée modérément insatisfaisante.
L'appréciation de l'impact sur la pauvreté rurale montre que les projets ont contribué de façon assez significative, mais limitée dans l'espace, à améliorer les revenus et la sécurité alimentaire des ménages ruraux, grâce aux interventions menées dans les domaines de la production agricole, de la Gestion des ressources naturelles (GRN) et du développement des activités extra-agricoles. Cependant, dans de nombreux cas, cette amélioration reste fragile face aux chocs extérieurs. Le portefeuille a également eu un impact modeste sur le capital humain, notamment en matière d'éducation et de santé, sur le capital social et l'autonomisation, en particulier pour les femmes, et sur les institutions et politiques rurales. Aussi l'impact du portefeuille sur la pauvreté rurale est-il jugé modérément satisfaisant.
Pour assurer la durabilité des acquis, les projets prévoyaient des stratégies de désengagement reposant essentiellement sur la participation des organisations de base et le renforcement de leurs capacités, deux aspects qui présentent en eux-mêmes une durabilité très variable. La durabilité des acquis en matière de GRN et de production agricole est assez bonne, grâce à la simplicité des aménagements et à la forte implication des populations, mais l'insécurité foncière, la faible maîtrise de l'eau et la dégradation des terres sont autant de menaces qui pèsent sur leur durabilité. La durabilité des infrastructures socioéconomiques varie en fonction de la qualité de leur construction et de la compétence des services de l'État qui les prennent en charge. Les services de formation et de conseil apportés aux populations bénéficiaires dans le cadre des projets sont condamnés à disparaître à la clôture des projets. En effet, peu d'efforts sont consacrés au renforcement des capacités des services techniques déconcentrés et la valorisation des services locaux dont les projets ont encouragé le développement est insuffisante lorsque les apports de fonds extérieurs s'achèvent. En conséquence, la durabilité des acquis des projets du portefeuille du FIDA est jugée modérément insatisfaisante.
Le portefeuille du FIDA au Niger a favorisé de nombreuses innovations agroécologiques, sociales, institutionnelles et méthodologiques, grâce à la relation tripartite entre les projets, les institutions de recherche et les groupes de bénéficiaires. La diffusion des innovations d'ordre agroécologique est pratiquement spontanée, du moment qu'il s'agit de technologies simples et utiles. Pour les innovations institutionnelles et méthodologiques en revanche, la diffusion se heurte souvent au manque de moyens ou à des obstacles institutionnels. Compte tenu de ce qui précède, la performance du portefeuille en matière d'innovation est jugée satisfaisante.
Performance des partenaires. Le Gouvernement nigérien a mis en place, assez récemment, un cadre de développement économique et social cohérent facilitant l'insertion des projets, l'évolution favorable de la gouvernance et l'amélioration de la situation macroéconomique du pays. Pourtant, la faiblesse structurelle de l'administration et des services techniques déconcentrés, l'instabilité politique et le manque de réalisme dans la conception des projets en ce qui concerne la capacité d'absorption des institutions gouvernementales sont autant de facteurs qui ont limité la performance du Gouvernement, ce qui a entraîné des répercussions très négatives sur la performance du portefeuille. Malgré de nombreux obstacles, le FIDA a constamment maintenu au Niger un portefeuille de prêts cohérent concordant avec les priorités nationales et les besoins des ruraux pauvres. Le FIDA a fait des efforts notables en matière de partenariats, notamment à travers la participation à la programmation conjointe et la promotion de la concertation entre les Partenaires techniques et financiers (PTF) dans la région de Maradi. Cependant, la gestion du portefeuille a pâti d'une supervision indirecte trop légère et de difficultés de communication. Les évaluateurs s'interrogent par ailleurs sur le bien-fondé de la récente décision de mettre un terme à deux projets avant la date prévue. Le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), principale institution coopérante du FIDA au Niger, s'est acquitté correctement de l'administration des prêts, bien que la lenteur avec laquelle il a traité les demandes d'approbation et de décaissements ait entraîné des retards dans l'approvisionnement des projets. L'UNOPS a effectué des missions de supervision à intervalles réguliers, mais les recommandations formulées à cette occasion ont surtout trait aux aspects généraux de la gestion des projets et peu à leurs orientations stratégiques et à leurs résultats. Cette lacune s'explique peut-être par la composition peu adaptée des équipes de supervision et la fréquence et la durée insuffisantes des missions. En application du principe d'externalisation, les projets sous-traitent de nombreuses activités à des ONG, entreprises privées et organisations de base. La performance des ONG a été assez faible en raison de capacités insuffisantes, ce qui s'est souvent traduit par une surcharge de travail pour les équipes de projet. La région de Maradi dispose d'un tissu d'entrepreneurs compétents grâce aux nombreuses interventions qui s'y sont déjà déroulées. Ailleurs, la performance des entreprises privées a été faible, en raison de trois facteurs : des capacités insuffisantes en matière de techniques et de gestion, le sous-équipement, et les carences du contrôle opéré par les services de l'État. Les organisations de base ont apporté une contribution importante à la réalisation d'actions de développement initiées dans le cadre des projets du FIDA. Toutefois, ces organisations présentent de nombreuses insuffisances : analphabétisme, méconnaissance des procédures, manque de transparence, faibles capacités financières et techniques, etc.
Activités hors prêts. Le programme du FIDA a eu le mérite de mobiliser plusieurs dons d'assistance technique (pour plus de 1,6 million d'USD) et de les intégrer à certains projets, assurant ainsi une bonne synergie entre les dons et les prêts. Ces dons, relatifs à des domaines divers, ont eu un impact positif sur la mise en œuvre des projets du FIDA. Toutefois, les acquis des dons n'ont pas toujours bénéficié d'une stratégie de capitalisation et de diffusion. La participation du FIDA à la concertation sur les politiques s'est faite essentiellement à travers les projets cofinancés et certains dons d'assistance technique. Des questions pertinentes ont été abordées, telles que la Stratégie nationale de microfinance, la régionalisation de la Stratégie de développement rural (SDR) et la Stratégie nationale de gestion des banques céréalières. Sur le plan des partenariats, la performance du FIDA est satisfaisante, notamment à travers l'engagement dans la programmation conjointe au titre du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement (PNUAD), le rôle de premier plan joué dans l'adoption de la Lettre d'entente de Maradi, le cofinancement de projets avec d'autres PTF, et le Cadre de concertation entre le Gouvernement et les partenaires à Maradi (bien que ce cadre n'ait jamais véritablement fonctionné, notamment en raison des difficultés rencontrées par le projet IRDAR). La gestion des connaissances était très faible dans les premiers projets du FIDA évalués dans le cadre de l'EPP, mais avec le Projet de promotion de l'initiative locale pour le développement à Aguié (PPILDA), le programme du FIDA a porté une attention croissante à cet aspect à partir de 2006 - 2007. La performance des activités hors prêts dans leur ensemble est donc jugée modérément satisfaisante.
Performance des COSOP. Les deux stratégies de pays (1999 et 2006) ont été élaborées avant les nouvelles directives du FIDA concernant les programmes d'options stratégiques pour les pays axés sur les résultats. Elles ne prévoient pas un programme cohérent et méthodique de prêts et d'activités hors prêts, ni un système de pilotage ou de suivi-évaluation. Les deux COSOP présentent toutefois une analyse judicieuse des causes structurelles de la pauvreté dans le pays et leurs objectifs stratégiques concordent avec les politiques et stratégies nationales de développement en vigueur et avec le mandat du FIDA. Le COSOP de 1999 répondait bien aux besoins des populations rurales pauvres puisqu'il visait la réalisation du potentiel productif naturel, la diversification des activités économiques en vue de leur intégration aux marchés, le renforcement de leurs moyens d'action par le biais des organisations de base, et l'amélioration de l'accès aux services sociaux, en particulier pour les femmes. En revanche, la nécessité de développer les services financiers ruraux en faveur des populations rurales pauvres n'était pas véritablement fondée sur une analyse des besoins de ces populations, et le COSOP n'a pas considéré les risques inhérents à la très vaste étendue géographique et à la très grande diversité thématique des interventions. Le COSOP en vigueur, qui date de 2006, porte très fortement l'empreinte de la crise alimentaire de 2004 - 2005, puisqu'il combine une approche de redressement après-crise à court terme et une approche de développement à long terme. Il propose judicieusement de concentrer les interventions dans la région de Maradi et d'étendre à l'ensemble de cette région l'approche du PPILDA en matière de valorisation du savoir-faire et des innovations locales, mais il passe à côté du potentiel important que recèle le développement d'un partenariat stratégique avec les services techniques déconcentrés.
Les objectifs stratégiques des COSOP correspondent dans une large mesure à ceux du portefeuille de projets. Les objectifs d'amélioration de la GRN, de sécurisation et d'intensification de la production agricole et d'amélioration et de diversification des revenus ont été partiellement atteints notamment à travers la promotion de la régénération naturelle assistée (RNA), la conservation des eaux et du sol et la défense et restauration des sols (CES-DRS), la petite irrigation et la promotion des activités génératrices de revenus (AGR) à l'intention des femmes. L'organisation des communautés de base a été encouragée à travers la mise en place et le renforcement des capacités de diverses organisations, qui restent au demeurant peu autonomes par rapport aux projets. L'objectif visant à réduire les conséquences de la crise alimentaire a été atteint à l'échelon local grâce à la mise en place des magasins villageois, et à une échelle plus large avec l'élaboration de la Stratégie nationale de gestion des banques céréalières. En revanche, la réalisation des objectifs visant à améliorer l'accès des populations rurales aux services financiers et à développer les infrastructures sociales et économiques a été globalement faible. Ainsi, la performance des COSOP est jugée modérément satisfaisante.
Appréciation de l'ensemble du partenariat entre le FIDA et le Gouvernement. Sur la base de la performance du portefeuille, des activités hors prêts et des COSOP, l'ensemble du partenariat entre le FIDA et le Gouvernement est modérément satisfaisant. Le tableau ci-dessous résume les notes attribuées par l'EPP aux différents critères d'évaluation.
Synthèse des appréciations de l'EPP du Niger
Critères d'évaluation |
Scorea |
Performance du portefeuille |
4 |
Performance des activités hors prêts |
4 |
Performance des COSOP |
4 |
Ensemble du partenariat entre le FIDA et le Gouvernement |
4 |
a) L'échelle des scores est la suivante : 1 = très insatisfaisant ; 2 = insatisfaisant ; 3 = modérément insatisfaisant ; 4 = modérément satisfaisant ; 5 = satisfaisant et 6 = très satisfaisant.
Dans la perspective de l'élaboration du nouveau COSOP du FIDA pour le Niger, l'EPP formule les quatre recommandations stratégiques suivantes : i) continuer d'axer les interventions sur la région de Maradi, d'abord en investissant dans les capacités des institutions locales, puis en soutenant la diversification des revenus des ruraux pauvres ; ii) favoriser l'adoption d'une approche-programme dans la région de Maradi, en soutenant le développement de la Stratégie de développement rural (SDR) régionale de Maradi et en assurant l'alignement des interventions du FIDA dans la région sur cette stratégie régionale ; iii) faire pleinement usage des activités hors prêts (partenariats, gestion des savoirs et concertation) pour encourager le développement des innovations et en assurer l'application à plus grande échelle ; et iv) procéder à des ajustements du modèle opérationnel du FIDA de manière à l'adapter au contexte particulier du Niger.
Recommandation 1. Orienter les priorités stratégiques du programme du FIDA au Niger, d'abord sur le renforcement des capacités institutionnelles et ensuite sur la diversification des revenus ruraux, en maintenant le ciblage géographique de la région de Maradi. L'IRDAR-RCI aura pour objet de renforcer les capacités des communes et des services techniques déconcentrés (notamment les organisations professionnelles agropastorales - OPA) afin d'améliorer la structuration et l'efficacité des filières de production. Le prochain projet du FIDA, financé au moyen de l'allocation SAFP 2010-2012, devra s'attacher à diversifier les revenus ruraux, une attention particulière étant portée à l'agriculture irriguée marchande, l'élevage et les activités génératrice de revenus (AGR) extra-agricoles. Le projet devra promouvoir, de façon transversale et en partenariat, l'accès des ruraux pauvres aux marchés et le renforcement des services privés.
Recommandation 2. Poursuivre l'évolution vers une approche-programme intégrée à la Stratégie régionale de développement rural dans la région de Maradi. Il s'agit de soutenir le processus de régionalisation de la SDR pour la région de Maradi tel que souhaité par le Gouvernement, et d'intégrer pleinement les interventions financées par le FIDA à la SDR régionale qui constituerait dès lors le « programme » dont le Gouvernement aurait la maîtrise. Le processus du nouveau COSOP du FIDA, et en particulier toutes les analyses qui devront l'accompagner, devra être mis à profit pour approfondir les connaissances du Gouvernement et des PTF opérant dans la région concernant les contraintes et opportunités locales en matière de développement rural. Les orientations stratégiques et les modalités de mise en œuvre du nouveau COSOP du FIDA devront être définies conjointement avec le Gouvernement national et régional et les PTF actifs dans la région de Maradi. Le nouveau COSOP devra prévoir, à travers les activités hors prêts, d'accompagner les partenaires locaux (Gouvernement et société civile) dans la préparation de la SDR régionale de Maradi, d'appuyer la coordination de son exécution et de soutenir le suivi-évaluation de sa mise en œuvre.
Recommandation 3. Poursuivre la promotion des innovations et leur application à plus grande échelle en faveur de la diversification des revenus des ruraux pauvres. Les domaines dans lesquels le FIDA a accumulé une certaine expérience au Niger et pour lesquels il est nécessaire de poursuivre la recherche de solutions innovantes sont notamment la GRN, la petite irrigation, l'accès au foncier, l'accès au marché et le renforcement des moyens d'action des groupes sociaux marginalisés, les femmes en particulier. D'autres domaines pertinents méritent incontestablement un surcroît d'attention, tels que l'élevage sédentaire et les activités extra-agricoles. Le FIDA et le Gouvernement devraient exploiter pleinement l'expérience du PPILDA en matière d'approches de l'identification et de la promotion des innovations en milieu paysan, sans pour autant négliger la capitalisation des innovations et leur application à plus grande échelle, au-delà des projets et de la région de Maradi. À cet effet, le nouveau COSOP devra comporter une stratégie réaliste de promotion et application à plus grande échelle des innovations issues des interventions sur le terrain, faisant pleinement usage d'activités hors prêts.
Recommandation 4. Adapter le modèle opérationnel du FIDA au contexte particulier du Niger, considérant que le pays est confronté à pratiquement toutes les difficultés des pays les plus pauvres. Compte tenu de la forte hétérogénéité des capacités des prestataires de services publics et privés au Niger en matière de techniques et de gestion, il convient de choisir plus judicieusement les partenaires d'exécution des projets, en fonction de leurs capacités, et de prévoir une assistance technique d'accompagnement adéquate appelée à s'estomper au fil du temps. Il est également nécessaire de rechercher la simplicité dans les objectifs et les activités prévues dans le cadre des projets, en tenant compte de la capacité des partenaires d'exécution, qui devrait cependant s'améliorer progressivement. En outre, compte tenu du caractère souvent imprévisible des évolutions du contexte nigérien, il y a lieu de prévoir une souplesse suffisante dans la conception des interventions, afin d'être en mesure de les adapter en fonction de l'évolution de la situation. La supervision et l'appui à la mise en œuvre des interventions financées doivent être renforcés davantage, avec une participation accrue du FIDA, du Gouvernement et des autres partenaires impliqués. Il conviendrait d'augmenter la durée et la fréquence des missions de supervision, mais aussi de faire appel à des prestataires de réputation internationale pour fournir aux projets une assistance technique régulière à la mesure des besoins.