Projet de Développement des Cultures Vivrières dans le District de Kindamba - IOE
Projet de Développement des Cultures Vivrières dans le District de Kindamba
Résumé du rapport d'évaluation à mi-parcours
Situé dans le Nord-ouest de la région du Pool, le district de Kindamba est caractérisé par une succession de collines presqu'entièrement défrichées, entrecoupées de vallées à rivières permanentes sous forêts galeries et de bas fonds inondables. La densité de population est faible (3 hab/km2) avec une émigration saisonnière importante. Les lignages fondateurs des villages contrôlent des centaines d'hectares alors que près de la moitié des ménages ruraux ne sont que locataires des parcelles qu'ils exploitent pour la durée d'un cycle cultural et qu'une minorité croissante dispose de propriétés privées. Les systèmes de production actuels reposent sur la pratique d'une agriculture itinérante sur brulis à base de manioc avec dans certains cas une parcelle supplémentaire en banane plantain. Les bas fonds sont (étaient) cultivées en riz. La période récente est caractérisée par la régression générale des cultures de rente (riz mais aussi tabac, arachide, mais) et par le développement spectaculaire de l'élevage bovin dans une minorité d'exploitations (propriétaires fonciers, lignagers ou individuels). Les difficultés de commercialisation des produits vivriers (enclavement de la zone) et la contrainte travail au niveau de la transformation du manioc constituent des freins importants au développement agricole de la zone.
Conception et objectifs du projet
Le volet national du projet n'était pas ciblé sur un groupe particulier. Au niveau du district de Kindamba, le groupe cible était constitué de la totalité des 4.000 ménages d'agriculteurs. Le projet n'était pas ciblé sur un groupe à l'intérieur de la population rurale du district dont la diversité n'était pas analysée.
Le projet s'inscrivait dans la politique du gouvernement visant à accroitre l'approvisionnement alimentaire des villes et les revenus ruraux. Son objectif est donc l'augmentation de la production vivrière destinée à la vente.
Le projet comprenait des activités de recherche et de lutte biologique au niveau national (introduction et lacher d'insectes contre l'acarien vert et la cochenille) et un programme pilote de développement agricole intégré dans le district de Kindamba. Ce dernier est composé de 4 volets:
Un programme de développement des cultures et des exploitations agricoles axé sur le manioc, l'arachide, le mais et le riz de bas fonds et basé sur un système de vulgarisation "formation et visite": vulgarisation agricole, formation des vulgarisateurs et des agriculteurs; démonstrations pour diffuser des variétés de manioc selectionnées; remise en état de 350 ha de rizières de bas fonds; mise au point de techniques améliorées de transformation des produits (en particulier manioc); fourniture d'intrants et de petit outillage.
Un programme de développement de l'élevage (bovins et petits ruminants)avec la mise en place d'un système autofinancé de distribution d'intrants et de crédit pour la diffusion de bovins de race.
Un programme de recherche appliquée visant à mettre au point des technologies nouvelles adaptées à la région.
Un volet d'amélioration des infrastructures rurales: regravillonnage, nivellement, entretien de 80 km de route de desserte; construction d'une quinzaine d'entrepots villageois pour les groupements d'agriculteurs (stockage des cossettes de manioc après récolte, équipements de transformation et intrants); un programme d'hydraulique villageoise (aménagement de 200 sources existantes).
La Banque Nationale du Congo (BNDC) devait fournir du crédit moyen terme pour l'achat de matériels de transformation et de bovins reproducteurs. Un système de suivi-évaluation devait fournir en temps utile à la direction du projet des renseignements sur l'exécution, contrôler l'efficacité des messages diffusés par les services techniques, leur acceptation par les agriculteurs et l'évolution des prix de marché dans la zone du projet et à Brazzaville.
L'effet attendu de la composante nationale était une augmentation de la production de manioc de 6.400 à 8.000 t. Au niveau du district, on attendait une augmentation du rendement moyen de manioc de 5,5 à 7,5 t/ha, ainsi qu'une légère augmentation de rendement d'arachide, de mais et de riz soit une production additionnelle de 3.000 t de manioc (+ 44%), 60 t d'arachide (+ 19%), 40 t de mais (+ 17%), 310 t de paddy (+ 111%) et une augmentation de production animale de 108%. On attendait une augmentation des revenus des bénéficiaires de 130 à 250 USD/exploitation/an, une amélioration de la nutrition des familles, une amélioration de l'approvisionnement alimentaire des villes, un effet positif sur la santé des populations (amélioration de la qualité de l'eau consommée).
Trois hypothèses étaient retenues à l'évaluation:
les femmes adopteront progressivement la transformation du manioc en cossettes;
la libéralisation du marché du riz permettra d'améliorer la commercialisation et la valorisation de ce produit;
le gouvernement entretiendra les pistes réhablitées par le projet.
Evolution du contexte en cours d'exécution
Depuis son démarrage (1987), le projet a évolué dans un environnement macro-économique de crise et d'ajustement structurel qui n'a cessé de se dégrader (baisse du PIB courant de 34%, augmentation du déficit de l'Etat). Le gouvernement a adopté une politique d'accélération de l'ajustement structurel par la privatisation ou la restructuration de nombreuses entreprises publiques. Un retard de paiement des échéances d'amortissement de prêts a conduit les institutions bilatérales et multilatérales y compris le FIDA à suspendre leur coopération avec le Congo en 1991. Sur le plan politique, on a assisté à une remise en cause générale de l'ordre établi conduisant à la conférence nationale souveraine et à l'abolition du parti unique.
La rapide dégradation de la situation financière de la BNDC liée à la crise économique du pays et à la forte augmentation des impayés a empéché la signature de l'accord prévu entre le projet et la BNDC. En janvier 1991, une convention est signée entre le projet et la Mutuelle Congolaise d'Epargne et de Crédit (MUCODEC). Elle prévoit que les prêts seront accordés par la MUCODEC selon ses règles propres et que la demande devra recueillir un avis technique favorable de la part du projet.
Les cadres moyens et supérieurs du projet ont été formés.
Des infrastructures ont été réalisées:
réhabilitation de 92 km de piste rurales. Aucun travail d'entretienn'a été effectué par l'OCER après la réhabilitation ce qui a entrainé la perte de l'investissement réalisé;
aménagement de 12 sources.
La construction des hangars de stockage a été abandonnée.
Le volet recherche-lutte biologique a réalisé des essais en station sans diagnostic préalable des systèmes de production paysans. Au niveau national, un local destiné à la l'introduction et à l'assainissement des variétés a été construit à Brazzaville. Les autres réalisations ont été reportées ou suspendues à cause des difficultés financières du projet. L'élevage et le lacher de 22.000 Epidinocarsis lopezi a eu lieu sur trois sites (Kindamba, Mantsumba et le CRAL) ainsi que le contrôle de la pression parasitaire sur la cochenille et les acariens. Des recherches sur les variétés de manioc ont été menées.
Au niveau régional, des travaux sur le manioc (sélection variétale,introduction de 9 nouvelles variétés, essais comparatifs de mode de plantation du manioc, détermination des meilleures périodes de récoltes pour différentes variétés, évaluation de l'impact des attaques de cochenilles dans le district) et sur d'autres cultures (riz, arachide, mais, soja), associations et plantes fourragères: tests de variétés, introductions d'arbustes pour l'agriculture en couloir, essai de légumineuses cultivées et sauvages, association arachide-manioc, collection de plantes fourragères.
Un système de vulgarisation de type 'formation et visite" est mis en place. Un service de liaison recherche-vulgarisation a été créé: prise en charge des parcs à bois, installation de parcelles de démonstration pour appuyer les actions de vulgarisation, appui à la formation.
Pour le manioc, 2 variétés ont été diffusées (distribution gratuite). L'adoption des techniques vulgarisées (monobouturage-densité) représenteraient entre 5 et 8% de la superficie plantée chaque année en manioc dans le district. Pour les autres cultures, des interventions timides ont eu lieu sur l'arachide mais rien dans le domaine rizicole (problèmes de transformation et commercialisation). Une parcelle proposant des techniques de plantation améliorées des bananiers a été installée. Une relance de l'activité piscicole, non prévue au départ mais intéressant les agriculteurs, a été réalisée.
En ce qui concerne la transformation, une campagne de sensibilisation sur les systèmes de séchage améliorés pour le manioc (15 séchoirs ont été montés) a suscité peu d'intérêt de la part des agriculteurs. Il n'y a pas eu d'installation de moulins à foufou ni de rizeries artisanales.
Initialement conçu comme une composante secondaire du projet, l'appui au développement de l'élevage bovin a pris progressivement une place centrale. L'intervention repose sur le renforcement des associations d'éleveurs et sur leur participation active. Le projet propose un certains nombre de services à la demande (traitements vétérinaires, approvisionnement en intrants, marquage, conseil) et met en oeuvre des actions régulières de formation sous forme de réunion par zone sur des thèmes donnés. Un système autofinancé d'intrants zootechniques et vétérinaires a été progressivement mis en place.
Le système de crédit rencontre un certain nombre de difficultés. En un an d'application, 57 demandes de crédit ont été enregistées mais 4 seuleument ont abouti à un accord de la MUCODEC pour un montant total de 2.083.000 FCFA.
Une cellule de formation et d'appui aux groupements a été constituée et encadre 16 groupements dont 13 sont fonctionnels. Ils regroupent 200 personnes soit 3% des actifs agricoles du district. Les groupements qui cherchent à développer des activités d'élevage sont très bien suivis; ceux dont l'exploitation commune des parcelles constitue l'opération de base bénéficient d'un encadrement moins performant.
L'appui à la commercialisation s'est limité à la mise en service d'un camion de 9 t pour aider les paysans à assurer l'évacuation de leurs produits (location du camion à prix coutant).
Le système de suivi-évaluation a assuré le suivi des activités des différents services techniques du projet, un suivi régulier du traffic routier local, des exportations agricoles et des prix de marché, la réalisation d'une série d'étude thématiques et d'enquêtes ponctuelles à la demande.
Appréciation des effets du projet et de leur perennité
L'analyse des effets n'est menée qu'au niveau du district de Kindamba car aucune information n'est disponible sur les éventuels effets du volet recherche-lutte biologique au niveau national.
Bénéficiaires: le nombre cumulé d'exploitations touchées par la vulgarisation est de 1.250 exploitations soit un maximun de 30% des exploitations de la zone réparties sur 70 villages. En ce qui concerne le manioc, les femmes ne constituent qu'une minorité dans la mise en place des parcelles adoptées. Les hommes seraient les principaux bénéficiaires des techniques diffusées bien qu'ils ne soient pas les principaux intéressés par la culture de manioc. Les principaux bénéficiaires du projet sont en fait les éleveurs déjà propriétaires d'un troupeau. 90% des 500 à 700 éleveurs de la zone seraient touchés par le programme élevage. L'élevage concerne avant tout les propriétaires fonciers, masculins et agés.
Effets sur les institutions et les services du développement rural: le projet a permis la mise en place d'un service d'appui technique aux agriculteurs et éleveurs intervenant régulièrement dans les villages.
Effets sur l'organisation des producteurs et les capacités d'autopromotion: on constate l'apparition de quelques nouveaux groupements ou la redynamisation de groupements déjà existants. Chez la plupart d'entre eux, les activités associatives restent limitées. En revanche, les associations d'éleveurs connaissent une progression certaine vers l'autonomie en matière d'approvisionnement en intrants et services vétérinaires.
Les effets sur la production agricole sont nuls en ce qui concerne le riz, l'arachide et le mais. Ils sont peu connus mais assurément très inférieurs aux effets attendus en ce qui concerne le manioc. Les effets sur l'élevage bovin sont également peu connus mais probablement significatifs, principalement en terme d'augmentation de cheptel et d'amélioration de son état sanitaire. Leur ampleur semble supérieure à celle des effets attendus.
Effets sur les revenus des bénéficiaires: à l'echelle du district et sur la période 1988-1991, on peut considérer que le projet n'a pas encore eu d'impact durablesur les revenus agricoles des ménages à l'exception des éleveurs de bovins des zones centre et sud chez qui on observe une augmentation de revenu (croissance du cheptel). L'élevage constitue aujourd'hui la première activité de rente du district.
Effets sur les revenus et les conditions de vie des femmes: la réhabilitation de la piste Kimpakasa-Mbokou-Kimba en 1988 a eu des effets immédiats sur les exportations de chikwangue et donc sur les revenus des productrices dans une zone qui était alors très enclavée.
Les effets sur la santé sont négligeables.
Effets sur l'environnement et sur la base de ressource: l'extension rapide des surfaces consacrées à l'élevage modifie considérablement les équilibres existants au niveau de l'occupation foncière. Les meilleures terres de savane du district passent d'une utilisation agricole à une utilisation pastorale. Ce phénomène présente un risque écologique de surpaturage et de feux pastoraux.
Appréciation de la durabilité du projet: les effets sur les revenus des productrices de manioc n'ont été que de courte durée (2 ans). L'absence de résultats dans le domaine de la transformation du manioc et du paddy constituent (avec l'état des pistes) un obstacle à l'augmentation durable des revenus agricoles des ménages. Des effets positifs plus durables se manifestent par contre chez les éleveurs de bovins des zones centre et sud qui n'ont pas de problème de commercialisation.
Principaux problèmes rencontrés
Des erreurs d'estimations à la conception du projet
La mission d'évaluation de 1985 avait considérablement sous-évalué la productivité et le niveau d'extraversion de l'agriculture paysanne (en particulier de la culture du manioc considérée comme tout juste suffisante à l'auto-consommation des ménages) et la dynamique de l'élevage bovin dans le district de Kindamba; sous-évalué l'ampleur des problèmes (actuels et potentiels en 1985) de commercialisation des excédents agricoles du district; négligé d'analyser la diversité des situations économiques dans la zone et les contraintes spécifiques des catégories défavorisées. De plus, les hypothèses retenues à l'évaluation se sont révélées fausses. Aussi, la stratégie définie visant l'intensification agricole à base de variétés et techniques améliorées s'est révélée caduque face aux problèmes non résolus de transformation et de commercialisation d'une production déjà excédentaire.
Les contraintes à la transformation et à la commercialisation des surplus limitent l'intérêt d'une augmentation de production pour les paysans.
Les activités de transformation occupent une place considérable dans l'emploi du temps des paysannes (100 j de travail pour fabriquer 750 kg de chikwangue pour 25 j de travail sur la culture). Aussi, toute tentative d'augmenter significativement les exportations de manioc et les revenus paysans doit d'abord améliorer la technologie et l'équipement de transformation. De même, l'accès au marché de Brazzaville est difficile car la région est enclavée, l'état des pistes déplorable et les filières de commercialisation inexistantes. Dans les conditions actuelles des filières de transformation-commercialisation, les revenus monétaires des producteurs dépendent d'un ensemble de facteurs (rythme de passage des camions, durée des transport, capacités de transformation...) dont l'importance à court terme est beaucoup plus évidente que la rendement en racine entre 12 et 16 mois.
Le développement de l'élevage bovin favorise les propriétaires fonciers au détriment des agriculteurs locataires.
Les éleveurs sont pour la plupart des propriétaires terriens et des chefs de lignage. L'expansion d'un élevage extensif cloturé signifie non seulement l'augmentation des inégalités socio-économiques entre propriétaires terriens et non propriétaires mais aussi la réduction des superficies disponibles pour la location agricole aux ménages sans terre. L'évolution actuelle de l'activité pastorale risque de compromettre les équilibres anciens au profit des plus riches (y compris des fonctionnaires et des commerçants en mesure d'acheter des terres) et aux dépens des plus pauvres. Elle induit le développement d'un marché foncier monétarisé et l'extension de l'appropriation privée des terres.
Recommandations et leçons à tirer
On recommande un report de la date de clôture de deux ans et une concentration des interventions dans les zones à plus fort potentiel. La première étape de recentrage devrait être un diagnostic participatif des systèmes de production-commercialisation existant, tenant compte de leur diversité et débouchant sur l'identification des contraintes potentialités et opportunités spécifiques. Ensuite, l'expérimentation avec les paysans de diverses innovations, la diffusion des résultats permettra la mise en oeuvre d'une nouvelle démarche de vulgarisation et recherche-développement.
L'analyse des structures sociales et économiques, en particulier au niveau des familles (lignages et ménages), démontre qu'il existe des formes d'inégalités et de domination qui ne peuvent être ignorées dans la définition d'un groupe cible du projet. Les catégories à prendre en compte dans la définition d'un groupe cible prioritaire seraient les familles des lignages dominés (familles sans garanties foncières cantonnées au modèle traditionnel manioc-arachide itinérant), les femmes, les jeunes et notamment ceux qui sont de retour des villes, les anciens cultivateurs de riz. On distinguerait des actions bénéficiant à l'ensemble de la population (entretien des pistes, amélioration de l'information et de la communication, développement des services financiers et des infrastructures sociales) et des actions concernant la promotion de la production agricole et animale s'adressant spécifiquement au groupe cible, réalisées dans le cadre de groupements ou à titre individuel (essais, diffusion, crédit préférentiel pour les équipements de transformation du manioc et du paddy, formation, conseil et crédit commercial pour les associations féminines de commercialisation et les collectrices individuelles, etc...). Dans le domaine spécifique de l'élevage, un effort particulier doit être entrepris en faveur des paysans non propriétaires d'animaux et de terres et désirant se lancer dans l'élevage des bovins ou des petits ruminants.
D'autre part, il est nécessaire de mettre en place un service d'appui-conseil modulable en mesure de comprendre et de répondre à la diversité des besoins et des capacités réelles des groupements. En ce qui concerne le crédit mutuel, la solution adoptée avec le réseau MUCODEC est perfectible sur le plan de l'organisation, de l'information et des conditions de crédit (désigner un cadre pour suivre les opérations de crédit et pour informer, adresser directement les villageois à la MUCODEC et non pas au projet, adapter les conditions de crédit...)
Il est proposé un programme d'urgence de réhabilitation et d'entretien des pistes permettant de désenclaver les secteurs les plus peuplés du district.
Pour développer les capacités de transformation agro-alimentaire locales, la priorité devrait aller à des opérations pilotes menées avec des groupements de producteurs ou des petits entrepreneurs locaux dans les domaines du décortiquage du paddy, de la transformation du manioc et du transport attelé. Pour appuyer la commercialisation, outre la réhabilitation du réseau routier et l'introduction de petites unités de transformation mécanisées le projet devrait renforcer les activités des partenaires commerciaux et le développement de leurs relations au sein de filières complètes et cohérentes.
De ce projet, un certain nombre de leçons de portée générale peuvent être tirées:
Dans des régions peu connues, l'absence, au cours de la formulation de projet, d'une phase de diagnostic participatif du système agraire et de l'économie locale augmente le risque d'erreur dans les choix de stratégie et la priorisation des actions à mener. Par ailleurs, aucun diagnostic n'étant infaillible et des changements imprévisibles pouvant toujours survenir par la suite, les projets devraient rester souples dans leur conception et bénéficier d'un suivi direct de la part du FIDA.
Lorsque la diversité des situations socio-économiques à l'intérieur d'une population donnée n'est pas analysée et que les interventions ne sont pas élaborées pour répondre en priorité aux contraintes spécifiques des plus défavorisés, les projet ont tendance à répondre aux dynamiques de développement pré-existantes, c'est-à-dire généralement aux intérêts des groupes sociaux dominants dans la zone d'intervention.
Quand une région est déjà largement autosuffisante en produits vivriers et que la raison d'être d'un appui à la production est l'augmentation des exportations, une plus grandes attention doit être portée à l'ensemble de la filière collecte-transformation-transport-commercialisation au stade de la formulation mais aussi tout au long de la mise en oeuvre grâce à des spécialistes du marketing et de l'organisation des filières travaillant dans l'équipe du projet. Dans les régions enclavées à faible dynamique entrepreneuriale et associative,le désengagement de l'Etat des filières agricoles et la libéralisation des marchés n'offrent en eux-même aucune garantie de développement des activités commerciales privées.
La démarche techniciste et descendante associant recherche thématique en station et vulgarisation en formation-et-visite est inadaptée dans un contexte caractérisé par la méconnaissance des systèmes de production, l'absence en début de projet de messages techniques ayant fait preuve de leur intérêt et l'importance des contraintes à la transformation et à la commercialisation. Dans une telle situation, une démarche participative de type recherche-développement (recherche-action) est beaucoup plus adaptée.
Lorsque la FIDA souhaite mettre un fond de garantie ou de refinancement à disposition d'institutions mutualistes décentralisées et autogérées, il est illusoire de chercher à leur imposer un ciblage de leurs crédits sur les plus pauvres ou sur des activités particulières. D'autres moyens sont envisageables pour favoriser l'accès du groupe cible au crédit mutualiste tels que des subventions à la constitution des fonds d'épargne préalable des groupements de femmes ou de "sans terre".
Les actions de réhabilitation d'infrastructures routières fragiles ne sont que des gaspillages lorsque des solutions durables ne sont pas apportées simultanément aux causes de leur dégradation (manque de moyens d'entretien par exemple).
Les pays en phase d'ajustement structurel ont des difficultés à assumer leurs engagements financiers pour des investissements en faveur de populations rurales dont le poids politique est relativement négligeable. Dans les pays affectés par des crises économiques majeures, le cofinancement des projets avec des organismes donateurs pourrait être recherché plus systématiquement.