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Republic of Madagascar: Upper Mandraré Basin Development Project – phase 2

25 mai 2009

Evaluation terminale - Accord conclusif

I.  Objectif, processus et partenariat cle de l'evaulation

Objectifs et processus de l'évaluation. En Juin 2008, le Bureau de l'évaluation du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) a conduit l'évaluation terminale du PHBM II à Madagascar. Les objectifs principaux de l'évaluation étaient, d'une part, d'apprécier la performance et l'impact du projet et, d'autre part, de générer des leçons et recommandations, au profit de la préparation et de la mise en œuvre d'autres interventions de développement rural à Madagascar. L'évaluation a suivi la dernière méthodologie d'évaluation de projets du Bureau de l'évaluation du FIDA, centrée sur cinq dimensions : i) la performance du projet en termes de pertinence, d'efficacité et d'efficience ; ii) l'impact du projet sur la pauvreté rurale dans cinq domaines d'impact ; iii) la durabilité des acquis ; iv) les innovations, leur réplication et adoption institutionnelle ; et v) la performance des partenaires, y compris le FIDA et le Gouvernement de Madagascar. Une mission préparatoire fut conduite en mai 2008, suivie par la mission principale de l'évaluation du 9 juin au 4 juillet 2008. L'Aide mémoire de la mission principale fut présenté le 2 juillet aux partenaires régionaux du projet à Fort-Dauphin, et le 4 juillet au Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche à Antananarivo. Au cours du mois de novembre de cette année, l'ébauche du rapport d'évaluation a été partagée avec le Gouvernement et les autres membres du Partenariat clé de capitalisation de l'évaluation pour commentaires. Le 3 décembre, un atelier d'une demi-journée a été organisé à Fort-Dauphin, couplé à l'atelier d'achèvement du projet, afin de générer des contributions de la part des partenaires du projet pour la préparation de l'Accord conclusif de l'évaluation.

Partenariat clé de capitalisation de l'évaluation. La Politique d'évaluation du FIDA, tout en soulignant la nécessité d'indépendance de l'évaluation, souligne l'importance de la participation des principaux partenaires du FIDA tout au long du processus d'évaluation. Cette participation est essentielle pour engager les partenaires dans une collaboration fructueuse, favoriser l'apprentissage et faciliter l'opérationnalisation et l'adoption des recommandations de l'évaluation. A cette fin, un Partenariat clé de capitalisation de l'évaluation a été constitué, comprenant les utilisateurs principaux de l'évaluation. Il est constitué du 1) Gouvernement de Madagascar (Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche - MAEP) ; 2) Bureau du projet ; 3) FIDA (Division Afrique de l'Est et Australe, Division d'appui technique et Bureau de l'évaluation) ; et (4) Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS). D'autres partenaires du projet et du FIDA à Madagascar ont été consultés au cours du processus d'évaluation, tels que les autorités et services techniques régionaux, les communes, les prestataires de services principaux du projet (AHM-KIOMBA, APPEL, ASOS, Association internationale de crédit agricole et rural, l'Institution financière régionale de l'Anosy etc.), la mutuelle d'épargne et de crédit du Mandraré, le Centre de services agricoles (CSA) de Tsivory, les responsables des projets-partenaires de la Banque Mondiale1, l'Autorité nationale de l'eau, l'Autorité routière, la Délégation européenne, le Ministère de l'énergie et des mines, le Centre national de la recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) etc.

Accord conclusif de l'évaluation. A la fin de chaque évaluation indépendante, le Bureau de l'évaluation, les divisions du FIDA concernées par l'évaluation et le Gouvernement préparent un Accord conclusif. Ce document, orienté vers l'action, présente comment les partenaires comprennent l'évaluation, ses constats et recommandations et, expose les modalités de mise en œuvre des recommandations. Ainsi, l'Accord conclusif vise à : i) clarifier, approfondir et rendre plus opérationnelles les recommandations de l'évaluation, et présenter dans quelle mesure et pourquoi celles-ci ont été retenues par le FIDA et le Gouvernement ; et ii) indiquer les constats et leçons de l'évaluation qui méritent plus de discussion et de débat dans le futur.

II. Constats principaux de l'evaluation

Genèse, ancrage institutionnel et financement du projet. Le Projet de mise en valeur du Haut Bassin du Mandraré (PHBM I) a été identifié suite à la crise alimentaire de 1991 qui a sévèrement affecté le sud du pays à la suite de plusieurs années de sécheresse. La première phase, (1996-2000), a concerné quatre communes (3 233 km²) totalisant 39 800 habitants. Le montant du Prêt FIDA s'élevait à 6,9 millions $US. Le PHBM I a été évalué en 2000 par le bureau de l'évaluation du FIDA. Ensuite, le PHBM II (2001-2008) a été formulé, puis pré-évalué, durant l'année 2000, à un coût estimatif de 23 millions de $EU. L'objectif général du projet était de contribuer à la réduction de la pauvreté rurale, notamment à travers : 1) la diversification et l'accroissement du revenu de la population rurale ; 2) l'amélioration de la sécurité alimentaire des ménages ruraux et 3) la contribution à la restauration et la gestion durable des ressources naturelles. Le prêt accordé par le FIDA à des termes hautement concessionnels s'élève à 12,6 millions USD, couvrant ainsi environ 55 per cent du coût total. Le Gouvernement a contribué à hauteur de 5,2 millions USD, les bénéficiaires à hauteur de 1,8 million USD et deux projets-partenaires de la Banque Mondiale à hauteur de 3,6 millions USD. Le PHBM II était organisé en 5 composantes : A) Renforcement des capacités locales (7,7 per cent du coût total) ; B) Appui aux initiatives locales (46,6 per cent) ; C) Appui aux services financiers (4,6 per cent) ; D) Désenclavement de la zone (28,2 per cent) ; et E) Coordination, gestion et suivi-évaluation (12,9 per cent). Il couvre neuf communes rurales (8 600 km²) devenues onze en 2003 suite à une réforme administrative, y compris les 4 communes déjà couvertes par le PHBM I, et cible la totalité de la population de la zone d'intervention constituée de 96 000 personnes (17.400 ménages). Le projet est placé sous la tutelle du Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche et l'Institution coopérante était le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) jusque fin 2007.

Principales réalisations. D'une manière globale, le projet a présenté une bonne performance en matière de réalisation physique et financière atteignant un taux global d'exécution physique de l'ordre de 120 per cent par rapport aux prévisions pour un taux d'exécution financière très proche de 100 per cent. En matière de renforcement des capacités locales, le projet a accompagné l'élaboration de 11 Plans communaux de développement et 135 Plans de développement communautaires villageois, l'organisation et le renforcement des capacités de près de 1 500 organisations de producteurs (Associations d'usagers de périmètres irrigués et d'éleveurs, comités de gestion d'infrastructures, groupements informels de production …), la mise en place et formation d'animateurs de développement au niveau des communes et communautés, l'alphabétisation de plus de 6 600 personnes (50 per cent de femmes), la conduite d'activités d'information, éducation et communication et d'appui en matière de nutrition et santé communautaire et la promotion de la communication à travers une radio rurale. Sur le plan de l'appui aux initiatives locales, les réalisations du projets ont porté sur le financement de près de 1 130 mini-projets (MP) productifs d'agriculture, d'élevage et d'environnement à travers un Fonds d'appui aux initiatives locales (FIL), le renforcement des infrastructures agricoles et d'élevage (2250 ha de périmètres irrigués aménagés, plus de 6 000 équipements agricoles subventionnés, 46 couloirs de vaccination aménagés…) et le développement des infrastructures économiques et sociales (15 km de pistes communautaires, 21 ouvrages de renforcement et de franchissement et 36 points d'eau aménagés, 9 écoles et 5 centres de santé construits). En matière de désenclavement et d'appui aux services financiers, les résultats ont concerné essentiellement : la réhabilitation de 140 km de Routes d'intérêt provincial (RIP), dont 76 km à travers le partenariat avec le Programme sectoriel des transports ; la réhabilitation de 64 km de pistes intercommunales et la création de services financiers de proximité comprenant une mutuelle d'épargne et de crédit et 9 caisses installées au niveau des chefs lieu des communes avec près de 3 500 membres.

Performance  du projet. En ce qui est de la pertinence du PHBM II, les objectifs du projet correspondaient bien aux besoins des populations rurales pauvres de la zone d'intervention et cadraient bien avec les politiques et stratégies du Gouvernement et du FIDA. Le projet a appliqué une stratégie de développement intégré combinant une approche participative de planification et de gestion du développement local, une approche technique cohérente, et une approche économique axée sur le co-financement des mini-projets collectifs, la promotion de filières porteuses, et le développement de services de micro-finance rurale de proximité. La conception du projet prévoyait la mobilisation de ressources adéquates (humaines, financières et techniques) qui ont permis de concrétiser les initiatives locales des populations rurales. Mais la conception du PHBM II comprenait aussi des faiblesses concernant surtout : le sous-dimensionnement du volet infrastructures sociales (santé, éducation et adduction en eau potable) ; l'absence de partenariats solides qui auraient pu compléter les investissements dans ce domaine ; et la non prise en compte des services techniques déconcentrés (STD) comme partenaires institutionnels stratégiques pour la mise en œuvre du projet. Pourtant, à la demande du Gouvernement,  des ajustements ont été apportés à la conception au cours de la mise en œuvre du projet, avec le soutien du FIDA et de l'UNOPS, afin d'améliorer la performance du projet. On peut citer, notamment, la mobilisation de plusieurs partenaires non prévus initialement par les documents de conception du projet, l'introduction du niveau communal comme noyau central de la planification locale et l'introduction de l'approche filière. En somme, l'évaluation a considéré la pertinence du projet modérément satisfaisante (score 3 de 4).

L'efficacité du projet a été jugée satisfaisante (score de 5), bien qu'elle était assez variable selon l'objectif spécifique (OS) considéré. En effet, comme le montrent les résultats décrits ci-dessus, le PHBM II a fait preuve d'une bonne efficacité dans le domaine du renforcement des capacités locales de planification et de gestion du développement économique et social (OS1), l'appui aux initiatives locales contribuant à l'augmentation et la sécurisation des revenus, l'amélioration de la sécurité alimentaire et à la gestion durable des ressources naturelles (OS2) et la meilleure valorisation de la production à travers le désenclavement, le meilleur accès aux marchés, à l'information commerciale et aux services financiers, et la réduction des pertes après récoltes, le soutien à la transformation et à la commercialisation de la production (OS4). Une efficacité modérément satisfaisante est observée par rapport à l'atteinte de l'objectif de l'amélioration de l'accès aux services financiers des populations rurales pauvres, en particulier les femmes, les jeunes et les paysans sans terre (OS5) en raison essentiellement de la faible mobilisation de l'épargne et la couverture insuffisante des villages en dehors des chefs-lieux des communes. Sur le plan de la promotion du développement de systèmes de production agricoles durables afin de restaurer et d'assurer une gestion durable des ressources naturelles (OS2), l'efficacité du projet a été modérément insatisfaisante, à cause notamment du caractères démonstratif des actions engagées dans ce domaine et le manque de vision et démarches globales de gestion durable des ressources naturelles (eau et sols) surtout au niveau des périmètres irrigués.

Le projet offre globalement un bon niveau d'efficience (score de 5) ayant atteint un taux de rentabilité interne des investissements productifs (périmètres irrigués et micro projets d'agriculture, d'élevage et de reboisement) estimé par l'évaluation à environ 30 per cent, permettant de récupérer les montants investis  même avant l'achèvement du projet. En revanche, la composante « appui aux services financiers » a présenté une efficience relativement limitée à cause notamment de contraintes liées au contexte de la zone (enclavement, faible densité démographique) et la faible capacité technique et de gestion du personnel et des conseillers des caisses.

Impact sur la pauvreté rurale. L'impact du projet est très net sur l'amélioration des revenus (score de 6) observée à travers l'accroissement de près de 75 per cent du revenu monétaire moyen par habitant, entre 2002 et 2005, avec un bon ciblage des catégories d'exploitants les plus vulnérables, dont l'accroissement des revenus s'est situé entre 160 et 180 per cent. La production agricole a augmenté considérablement (score de 6), notamment de près de 90 per cent pour le riz et 120 per cent  pour le manioc, et la sécurité alimentaire c'est beaucoup améliorée faisant passer le taux des ménages assurant leur autosuffisance alimentaire de 36 per cent en 2001 à 78 per cent en 2008. Le PHBM II a obtenu ces résultats rapides et importants grâce notamment à l'application d'une approche filières ciblant trois spéculations porteuses (riz, ail et oignon) qui bénéficiaient d'un important accroissement de la demande de la part de la ville de Fort Dauphin en plein essor et de la hausse mondiale des prix céréaliers. Les femmes ont été à l'origine du développement de l'ail et de l'oignon. Néanmoins, l'ampleur de cet impact reste limitée parce que seulement la moitié environ des ménages prend part dans les filières promues. Par ailleurs, les jeunes ont été peu impliqués par les interventions du projet et n'en ont ainsi bénéficié qu'indirectement. Dans le domaine du capital social et du renforcement du pouvoir (score de 5), le projet a initié une transformation sociale radicale du milieu à travers l'instauration d'une nouvelle culture de concertation à tous les niveaux et l'organisation de la population, offrant aux communautés des opportunités réelles de participation à la planification et la gestion du développement local et un réel pouvoir de négociation vis-à-vis des différents acteurs locaux. Néanmoins, les impacts du projet ont été moins perceptibles dans le domaine des ressources naturelles et de l'environnement (score de 3). Peu d'avancées ont pu être notées sur le plan de la gestion des facteurs de production au niveau des exploitations agricoles ou des terroirs (intrants, eau, sols et leur fertilité, force de travail, cultures secondaires, animaux élevés etc.). Dans le domaine des institutions et services (score de 5), le projet a permis une transformation radicale du paysage institutionnel local à travers le renforcement des capacités et la dynamisation des structures communales (Comité communal de développement, Conseil communal) et la mise en place d'un Centre de services agricoles (CSA), d'un réseau de micro-finance de proximité et d'un guichet foncier intercommunal (GFI). En revanche l'apport du projet a été très limité dans le domaine de la consolidation et de la dynamisation des STD.  En définitive, l'impact global du projet est jugé satisfaisant dans l'ensemble (score de 5).

Durabilité. Plusieurs facteurs favorables à la durabilité des acquis du PHBM II existent, tels que l'intérêt économique des filières promues, pour une part importante des populations, la simplicité de conception et d'exploitation des périmètres irrigués, l'émergence d'une nouvelle sensibilité des populations à la protection des ressources naturelles etc. Cependant, il y a aussi des risques importants et réels à la durabilité des acquis, tels que la fragilité du désenclavement de la zone qui souffre encore de quelques points noirs et du manque d'entretien des infrastructures ; la faible capacité des STD et des institutions locales nouvellement créées (CSA et GFI) ; l'insuffisance des infrastructures de santé, d'éducation et d'alimentation en eau potable ; et l'absence de vision et de démarches globales pour une gestion durable des ressources naturelles. Ces risques sont induits, essentiellement, par les  faiblesses au niveau de la conception mentionnées plus haut (absence de partenariats solides et faible implication des STD). L'évaluation estime donc que la durabilité des acquis du projet est modérément insatisfaisante (score de 3).

Performance des partenaires. Le Gouvernement et ses différentes agences ont montré une performance satisfaisante dans l'ensemble (score de 5) en conduisant convenablement ce projet relativement excentré et complexe et en accordant une large autonomie au Bureau du projet. Les communes se sont activement impliquées dans la mise en œuvre du projet et elles l'ont placé au centre de leurs préoccupations. L'unité de gestion du projet a été particulièrement performante en mobilisant un grand nombre de partenaires non prévus initialement, en prenant de nombreuses initiatives allant dans le sens de la pertinence et de l'efficacité du projet, et en assurant une bonne planification et coordination des activités. Le système de suivi-évaluation du projet, malgré son opérationnalité très tardive, est exemplaire. La performance du FIDA est jugée modérément satisfaisante (score de 4) en raison de quelques faiblesses constatées au niveau de la conception liées notamment à la prise en compte insuffisante de certaines recommandations importantes de l'évaluation intermédiaire (renforcement volet éducation, santé, eau potable ; ciblage spécifique des jeunes à travers notamment la formation professionnelle et la réduction des disparités entre le secteurs irrigué et pluvial), l'absence d'établissement de partenariats solides et la focalisation exclusive de l'approche participative sur le niveau villageois. Le FIDA a pourtant fait preuve d'une flexibilité appropriée et apporté son soutien en faveur des adaptations nécessaires à la conception du projet, qui ont permis à ce dernier d'atteindre une bonne performance au cours de sa mise en œuvre. L'UNOPS a fait preuve d'une performance satisfaisante (score de 5) en conduisant régulièrement les missions de supervision avec les mêmes équipes ce qui s'est traduit par une efficacité croissante de ses prestations. En outre, les recommandations formulées ont souvent dépassé le pilotage de l'état d'exécution technique et financière du projet pour toucher des aspects techniques, méthodologiques et économiques de fonds qui ont contribué à l'amélioration de l'efficacité du projet.
En conclusion, l'appréciation globale du PHBM II est satisfaisante (score de 5). Sa performance était bonne, grâce surtout à son approche de développement local intégrée, une excellente performance de l'équipe de projet et un appui consistant à sa mise en œuvre de la part du Gouvernement, de l'UNOPS et du FIDA. L'impact du projet sur la pauvreté rurale est notable, en particulier dans les domaines de la sécurité alimentaire, des revenus et du capital social. Cependant, l'évaluation estime qu'il existe encore des risques importants à la pérennisation des acquis du projet. 

III. Recommandations principlaes de lévaluation approuvées par les partenaires

L'évaluation terminale du PHBM II fait quatre recommandations. Les trois premières recommandations concernent des enseignements stratégiques importants tirés de l'expérience du projet, à prendre en compte dans les projets de développement rural futurs à Madagascar. La quatrième recommandation vise à consolider les acquis du projet dans sa zone d'intervention, puisque la durabilité des impacts du projet constitue son talon d'Achille.

Recommandation n°1 (Gouvernement et partenaires techniques et financiers) : Promouvoir le développement équilibré et durable des zones rurales de Madagascar en harmonisant davantage les interventions des projets participatifs intégrés de développement local avec celles des programmes sectoriels nationaux et des programmes régionaux de développement sur la base d'engagements partenariaux clairs et fermes.

Les projets de développement local ont le mérite de développer une bonne connaissance du milieu et une grande expertise en matière d'ingénierie de développement local. Ils se basent sur la promotion d'initiatives locales, planifiées et mise en œuvre de façon participative, ce qui assure une bonne prise en compte des besoins des populations et une bonne appropriation des résultats du projet par ces dernières. Cependant, les projets de développement local disposent souvent de ressources matérielles limitées face aux besoins, comme ça a été le cas pour le PHBM II. Les programmes sectoriels (agriculture, santé, éducation, transport etc.) par contre, sont généralement dotés de moyens financiers et de capacités techniques importants, mais manquent l'ancrage local essentiel pour un développement durable qui répond bien aux besoins prioritaires locaux. Ainsi, c'est la combinaison d'un projet de développement local intégré avec l'intervention préalable ou simultanée de programmes sectoriels, qui apparaît comme la formule gagnante pouvant générer un développement économique et social mieux harmonisé et induire des changements plus consistants et durables.

Pour assurer une bonne coordination et synchronisation entre le projet de développement local et les interventions des programmes sectoriels en appui, il apparaît essentiel d'établir des partenariats solides et formels, basés sur les complémentarités des deux types de projet. Il faut donc aller au-delà du répertoire des intentions des programmes sectoriels dans la zone d'intervention, et négocier de véritables conventions qui précisent les engagements de chaque projet et des mécanismes adéquats pour opérationnaliser ces engagements.
Il est essentiel aussi que ce partenariat soit inscrit à la fois dans le Programme de développement régional et dans les Plans communaux de développement, afin d'assurer la coordination des interventions, l'utilisation optimale des ressources financières et humaines disponibles au niveau de la région et des communes, et, en fin de compte, l'appropriation des acquis par les instances régionales et communales. La Région et ses services techniques déconcentrés, d'une part, et les Conseils de développement communaux, d'une autre, doivent donc jouer un rôle actif dans la formulation (y compris la négociation des partenariats), la coordination et la mise en œuvre des projets de développement local et des interventions de programmes sectoriels, respectivement au niveau régional et communal.

Recommandation n°2 (Gouvernement, Régions) : Promouvoir la diversification, l'intégration et la compétitivité des activités agricoles, par la promotion d'une approche filière diversifiée et intégrée, tout en plaçant les femmes et les jeunes au centre de ce développement.

L'approche filière, tel que démontré par le projet, a le mérite de traiter non seulement des aspects techniques de la production mais aussi de se préoccuper de l'approvisionnement des intrants, de la transformation et de la commercialisation des produits.  Pourtant, la dynamique de promotion des filières, déjà entamée dans la zone du projet et axée essentiellement sur trois cultures irriguées (riz, oignon et ail), devrait être diversifiée dans le sens d'un meilleur équilibre entre les cultures irriguées, les cultures sèches et l'élevage afin de toucher le maximum de catégories de producteurs, de réduire les risques liés au marché et le milieu naturel, et d'atteindre les différents objectifs de production des paysans (sécurité alimentaire, accroissement du revenu, statut social etc.).

Une meilleure intégration doit être recherchée aussi bien dans le sens vertical en agissant sur tous les maillons de la filière, avec une attention particulière pour l'approvisionnement en intrants et équipement agricoles, que dans le sens horizontal à travers une intégration inter-filières. Cette intégration horizontale devrait permettre une utilisation plus efficiente des facteurs de production disponibles au sein des ménages et de tirer davantage profit des complémentarités entre les filières, surtout en matière de gestion de la fertilité (rotations de culture, intégration agriculture-élevage etc.).
Les Directions régionales du développement rural devraient poursuivre leurs efforts pour l'identification et la promotion de nouvelles filières porteuses concernant aussi bien les productions agricoles irriguées et sèches (pomme de terre, tomate, maïs, manioc, sorgho…) que l'élevage (engraissement, force de traction, production laitière). Des études régionales du potentiel agro-écologique, financier, humain, et du marché devraient guider le choix des filières à promouvoir et assurer une meilleure articulation avec les opportunités offertes par les stratégies nationales et régionales notamment dans le domaine de l'agrobusiness et l'exportation. Les CSA ont un rôle très important à jouer en matière d'information, vers le haut sur les conditions locales, et vers le bas sur l'évolution de la demande et des techniques de production. Ils doivent faciliter le contact et les échanges entre les producteurs et leurs groupements, d'une part, et les sources de financement, les fournisseurs d'intrants et d'outils et les marchés de produits agricoles, d'une autre.

Le développement agricole devrait profiter prioritairement aux femmes et aux jeunes moyennant des actions bien ciblées visant l'amélioration et la sécurisation de leur accès aux ressources productives (terre, eau, intrants, capitaux) et le renforcement de leurs capacités techniques et organisationnelles.

Recommandation n°3 (FIDA) : Promouvoir la flexibilité des projets dans leur conception et mise en œuvre pour permettre l'affinement et l'adaptation des modalités d'exécution en fonction des évolutions du contexte, afin d'atteindre et de maintenir un bon niveau de performance (pertinence, efficacité et efficience) et d'accroître l'appropriation des projets par leurs agents d'exécution.

Les documents de conception d'un projet, son Accord de prêt et ses conventions subsidiaires devraient être suffisamment souples pour permettre aux équipes de projet et ses agents d'exécution d'adapter les modalités de mise en œuvre aux réalités et évolutions socio-économiques, agro-écologiques et institutionnelles de la zone d'intervention du projet, tout en assurant l'atteinte des objectifs et groupes cibles du projet convenus entre le Gouvernement et le FIDA. Au démarrage de tout projet, un résumé simplifié des documents de projet en langue nationale doit être remis aux représentants des populations ciblées.
L'approche participative d'appui au développement rural par des micro-projets donne l'opportunité aux populations ciblées de déterminer elles-mêmes le focus de l'appui du projet et d'être maître de leur propre développement. Pourtant, il est important de soutenir la préparation et la mise en œuvre des micro-projets par un appui-conseil approprié. Ce soutien devrait dans l'avenir être assuré par les CSA. Par ailleurs, la subvention qui peut être justifiée dans un premier temps pour lancer ou intensifier une activité économique, devrait progressivement être remplacée par la mobilisation de ressources propres des populations et par le crédit individuel et de groupe.
Le rôle d'appui à la mise en œuvre du projet des missions de supervision devrait être renforcé. Celles-ci devraient apporter davantage un soutien méthodologique et technique aux équipes de projets pour les aider à traduire concrètement, et, au cas échéant adapter, la conception du projet, en vue de développer des modalités d'exécution et approches permettant d'optimaliser la performance des composantes du projet. Il conviendrait également d'augmenter le nombre et le poids donné aux revues en cours d'exécution (appelées habituellement « revues à mi-parcours »), qui constituent l'occasion la plus  appropriée pour évaluer conjointement (Gouvernement, équipe de projet, FIDA et, éventuellement, co-bailleurs et Institution coopérante) la performance du projet en cours de réalisation, d'identifier les contraintes principales à sa performance et d'apporter les ajustements appropriés aux modalités de mise en œuvre du projet.
Le système de rapportage et de suivi-évaluation d'un projet est un outil de gestion essentiel qui doit permettre, par l'analyse des succès et des échecs, une prise de décision bien informée et rapide en cas de besoin d'ajustement des approches ou modalités d'exécution d'un projet ou de ses composantes. Il est important que le système de suivi-évaluation d'un projet capte, en plus du simple état d'exécution des activités programmées, la pertinence, le niveau d'atteinte des objectifs (efficacité), le rapport résultats/coûts (efficience) et l'impact du projet sur les conditions de vie des populations ciblées. Il doit être fonctionnel le plus tôt possible dans la vie du projet.

Recommandation n°4 (Gouvernement, Régions et FIDA) : Consolider rapidement la dynamique de développement social et économique déjà impulsée par le PHBM II dans sa zone d'intervention en vue de pérenniser et valoriser les acquis du projet.

Cette consolidation, justifiée par les quelques insuffisances et risques planant sur la durabilité mentionnés ci-dessus, devrait être initiée par la Région et ses services techniques déconcentrés, avec l'appui éventuel du FIDA, et en partenariat avec les programmes sectoriels pertinents. Il s'agit essentiellement de :

  • renforcer les capacités des services techniques déconcentrés et du CSA pour prendre le relais du projet et assurer la consolidation de ses acquis, et de consolider les capacités des communes et des organisations de producteurs, notamment les jeunes organisations faitières. Ceci sera une priorité du projet AROPA3 à venir. Il revient aux Directions régionales du développement rural de favoriser la collaboration entre partenaires au niveau régional en matière de vulgarisation et d'encadrement ;
  • achever le programme de désenclavement, prioritairement par la réhabilitation du tronçon « noir » de 20 km et du radier détruit sur la RIP 107 au sud de la zone et le reliment de la RIP 117 avec la Route nationale 13 à l'Ouest. Il est très important, en outre, de mettre en place un système performant d'entretien des routes et des pistes communales et intercommunales, sous la responsabilité des communes et reposant sur les micro entreprises locales pour l'entretien courant et le Fonds d'entretien routier (FER) pour l'entretien périodique. La région devrait, avec l'appui du FER assurer l'entière responsabilité pour les RIP. Les riverains (Associations d'usagers des pistes et des routes) devraient être impliqués uniquement pour les travaux d'urgence (coupures accidentelles, …)
  • promouvoir la durabilité des systèmes de production agricoles notamment à travers l'application des politiques et stratégies nationales, par : i) une meilleure maîtrise de l'eau dans les périmètres irrigués et au niveau des parcelles ; ii) la promotion d'une fertilisation adéquate et des rotations culturales appropriées dans les périmètres irrigués, en y intégrant éventuellement les cultures maraîchères et iii) une meilleure prise en compte des risques liés aux sécheresses structurelles par l'élaboration et l'application de stratégies spécifiques et intégrées d'adaptation à la sècheresse (conservation des eaux et des sols et gestion intégrée des ressources en eaux à l'échelle des bassins et des micro-bassins versants, sécurisation des ressources fourragères etc.) ;
  • poursuivre l'amélioration des services sociaux de base (éducation, eau potable et santé principalement) en partenariat avec les départements et programmes sectoriels concernés ;
  • consolider le système de finance rurale, par le perfectionnement des compétences du personnel en matières techniques et de gestion, la sensibilisation des paysans sur la micro-finance (par des visites d'échange, des journées d'information etc.), la promotion de l'épargne (surtout auprès des éleveurs) à travers des outils et mécanismes spécifiques, et la valorisation de l'énorme potentiel d'épargne et de crédit offert par les organisations de producteurs à travers de nouveaux produits appropriés.

IV. Signatures

Le Gouvernement de Madagascar et le Fonds international de développement agricole approuvent les constats et recommandations présentés dans cet Accord conclusif basé sur l'évaluation terminale du Projet de mise en valeur du Haut Bassin de Mandraré phase 2. Ils s'engagent à mettre en œuvre les recommandations, notamment dans le cadre du programme pays du FIDA et en particulier à travers le projet AROPA.

Cet Accord conclusif a été signé le 5 Décembre 2008 à Antananarivo par M. Philibert Rakotoson, Secrétaire Général du Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche, et par M. Benoit Thierry, Chargé de portefeuille pour Madagascar du FIDA.


1/ Programme sectoriel de transport et  Fonds d'intervention pour le développement (financés par la Banque Mondiale).

2/ Les critères d'évaluation sont notés par des scores de 1 à 6, un score de 6 étant le plus élevé.

3/ Projet d'appui au renforcement des organisations professionnelles et services agricoles, cofinancé par le FIDA

 

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