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Second Projet de Développement Rural de Maradi (1989)

07 mai 1989

Résumé du rapport d'évaluation terminale

La zone du projet correspond a quatre arrondissements au sud du département de Maradi qui comptent 700.000 habitants (y compris les 77.000 habitants de la ville de Maradi) répartis en 1.253 villages. La densité de la population y est élevée: 45 hab/km2 en moyenne avec des secteurs dépassant 100 hab/km2. Les équilibres alimentaires sont précaires. Le département de Maradi était déficitaire de 54.000 t de céréales en 1984-85 et de 41.000 t en 1987-88. La crise économique et sociale actuelle est en grande partie due à la baisse de la pluviométrie (300 à 400 mm de 1980 à 1987). Les rendements agricoles sont en régression et les ressources fourragères sont devenues rares. Cela a conduit à une décapitalisation de la paysannerie (vente de matériel, de bétail et parfois de terre) qui se trouve actuellement dans un état de grande pauvreté.

Conception et objectifs du projet

Groupe cible

Le groupe cible du PDRM est constitué de l'ensemble des 65.600 exploitants des 4 arrondissements du Sud du département de Maradi.

Objectifs et composantes

A l'origine, le projet Maradi avait comme objectif l'amélioration des revenus agricoles des exploitants de la zone grâce à un accroissement de la production des cultures pluviales de 16.000t et pour 2.600 exploitants grâce à l'introduction de l'irrigation.

Les composantes étaient les suivantes:

  • la généralisation des méthodes agricoles améliorées dans les zones de cultures pluviales,
  • la formation du personnel de vulgarisation et l'adoption d'un système de formation et visites adaptées aux conditions locales,
  • le crédit agricole pour l'achat de facteurs de production et de matériel agricole supplémentaire,
  • l'aménagement et la mise en valeur de 740 ha irrigués,
  • la construction et l'équipement d'un centre d'irrigation, la construction d'un nouveau Centre de Promotion Rurale (CPR) et de batiments supplémentaires destinés à agrandir 19 CPR ainsi que le centre de formation existant.

Dès 1983, une réorientation du projet était décidée pour tenir compte des nouvelles orientations du séminaire de Zinder (novembre 1982) et de la limitation des recettes de l'Etat. Aux objectifs initiaux du projet viennent ainsi s'ajouter deux autres objectifs:

  • - promouvoir la participation des populations au développement en vue d'un véritable développement à la base;
  • - conserver le potentiel naturel de production

Le projet réorienté se donnait désormais un caractère novateur en substituant aux interventions sectorielles une approche intégrée du développement. Les actions classiques sont transferrées aux services départementaux de l'agriculture, seules les actions novatrices sont conservées par le projet:

  • un programme de Recherche Developpement est mis en oeuvre;
  • un fond de Promotion d'Actions d'Intérêt Collectif (PAIC) pour le financement de microréalisations génératrices de revenus, avec participation et responsabilisation des villages est institué;
  • l'Unité de Suivi Evaluation (USE) est renforcée afin de suivre la mise en oeuvre de ces nouvelles orientations et d'en analyser les résultats;
  • de nouvelles méthodes de formation moins couteuses sont expérimentées et doivent permettre un "auto-encadrement villageois" remplaçant le système de vulgarisation précédent.

 Effets attendus et hypothèses

Le projet devait fournir des intrants à 63.000 familles et en toucher 40% par la vulgarisation. Les effets attendus étaient une augmentation de production de l'agriculture pluviale: production de 22.800 t de céréale, 12.400 t d'arachide, 4.400 t de niébé supplémentaires. Le développement de l'irrigation devait permettre de proposer des emplois en saison sèche. L'augmentation de revenu des bénéficiaires n'était pas quantifiée.

L'hypothèse était faite que les jeunes couples d'agriculteurs formés en CPR appliqueraient les thèmes techniques vulgarisés et constitueraient des pôles pour l'animation et le développement du village.

Évaluation

 Evolution du contexte en cours d'exécution

Durant la période 1980-88 (durée de vie du projet), le volume des précipitations s'est caractérisé par un écart négatif annuel de 150 à 200 mm par rapport aux années 1960-70. Deux années particulièrement sèches (1984 et 1987) ont provoqué une grave crise économique et sociale dans la région de Maradi (décapitalisation de la paysannerie). Les rendements et la productivité ont baissés. Les ressources en eau souterraines ont diminuées. La dissolution de l'UNCC/CNCA a entrainé la rupture totale d'approvisionnement et de financement pendant trois ans. Les politiques nationales en matière de prix agricole, de crédit et d'échange avec le Nigeria ne sont pas claires.

 Réalisations du projet

Après une période très active entre 1981 et 1983, le projet devait connaître une crise grave entre 1983 et 1985 du fait de la réorientation elle-même. Celle-ci a occasionné le licenciement du corps des vulgarisateurs, la réduction des moyens de fonctionnement et surtout les incertitudes et les hésitations pour mettre en oeuvre de nouveaux concepts tels que l'auto-encadrement, la R/D, le PAIC, etc. Ce n'est qu'au début de l'année 1986 que le projet reprendra progressivement un certain niveau d'activité, en particulier avec le PAIC. Après la réorientation, les composantes essentielles telles que le crédit agricole, les actions villageoises et le secteur de la petite irrigation enregistrent de faibles consommations budgétaires.

En ce qui concerne la production pluviale, le projet a:

  • équipé en traction animale 2.093 bénéficiaires;
  • fourni à crédit 4.414 t d'engrais en 1983-84 et 1985 puis en 1986-87 1.332 t à 99 villages sous formes de dotations à des banques d'engrais dans le cadre du PAIC;
  • distribué 2.500 t par an de semences, essentiellement d'arachide, jusqu'en 1983. Après la réorientation, le projet s'est limité à initier des opérations villageoises sans grand succès.

Au cours de la période 1981-1984, le projet a aménagé 520 ha dans le périmètre irrigué de Djiratawa, soit 70% de l'objectif prévu (740 ha). Les 700 bénéficiaires ont reçu 0,64 ha chacun alors qu'il était prévu 2.600 attributaires devant recevoir chacun 0,3 ha. La mise en oeuvre de ce périmètre a connu de gros problèmes de mise en valeur avec des conflits fonciers importants (une redistribution foncière a été effectué en 1987). Le projet a progressivement transféré la gestion du périmètre à des coopératives d'irrigants qui ne sont pas encore aptes à assurer correctement cette gestion. Jusqu'en 1985, le projet a fortement subventionné le fonctionnement du périmètre (jusqu'à 40% des coûts) et cette subvention, bien qu'en régression (20%), a subsisté jusqu'en 1987. Malgré cela, les paysans n'ont payé que partiellement leurs redevances du fait de la faiblesse des revenus, liée à des rendements bas, à des prix de cession insuffisants et à une gestion administrative peu rigoureuse.

En matière de petits aménagements villageois, les opérations-tests réalisées n'ont pas été concluantes: le système Ruana s'est avéré économiquement non rentable et le système PIV n'a pu être testé dans de bonnes conditions. Pour ce qui concerne les 202 puits maraîchers réalisés par le projet, les systèmes de mise en valeur mis en place ne sont pas encore maîtrisés par les bénéficiaires. Ceux-ci sont donc dans l'incapacité de rembourser les crédits qui leur ont été alloués dans le cadre de ce volet.

De 1985 à 1987, dans le cadre du PAIC, 392 actions villageoises ont été réalisées dans 176 villages. Parmi celles-ci, 313 actions villageoises (80%) étaient de nature à entraîner un impact direct sur la production: banques d'engrais, puits maraîchers, etc. Ces actions ont été accompagnées et soutenues par un important programme de formation.

En 1987, le projet, mesurant les insuffisances des opérations ponctuelles, a proposé la mise en oeuvre de Programmes villageois de développement (PVD) qui introduit la notion de programmation des actions et mobilise mieux les ressources humaines du village (par l'auto-encadrement). Fin 1987-début 1988, 60 PVD ont été préparés et devraient se réaliser progressivement.

Dans le domaine de la formation, celle des jeunes couples de paysans s'est réalisée dans 20 Centres de promotion villageoise (CPR) au cours de stages de 9 mois. Le projet a dispensé plusieurs autres formations spécifiques: équipes de santé villageoise, forgerons, pêcheurs. Quant à la formation des cadres, ce n'est qu'à partir de 1985 que les cadres engagés dans des actions nouvelles ont appris à estimer les besoins des paysans et à les analyser, à comprendre l'environnement des villages, à mieux comprendre les logiques paysannes et, de ce fait, à établir des relations nouvelles avec les paysans.

En matière de recherche, depuis Maradi I, le projet disposait d'un service de recherche appliquée (R/A) qui exécutait une recherche d'accompagnement classique très liée à la vulgarisation grâce à la mise en place de parcelles de démonstration. En 1984, une orientation nouvelle est donnée à la recherche avec une approche R/D articulée autour de 3 volets:

  • amélioration de la connaissance du milieu
  • expérimentation des innovations techniques et organisationnelles
  • transfert des acquis aux paysans.

La R/D a concentré ses actions dans huit villages et, de ce fait, apparaît comme une action-test de portée limitée et relativement isolée dans le dispositif de vulgarisation. Le zonage agro-écologique et les typologies d'exploitation ont été réalisés sans toutefois rien apporter de fondamentalement nouveau par rapport aux travaux réalisés avant 1983. Les aspects économiques n'ont pas été suffisamment pris en considération dans cette analyse et le diagnostic, resté très académique, ne permet pas d'engager concrètement des actions adaptées à chaque village. En dehors de son faible impact opérationnel, le diagnostic régional a été un support pour la formation des cadres. L'expérimentation agronomique a été réalisée de façon satisfaisante mais elle est restée classique et établie en milieu contrôlé. Aussi les messages techniques et les recommandations qui en sont issues sont-ils difficilement transférables en milieu paysan.

L'USE a effectué un travail d'investigation considérable, mais pas toujours en relation avec le but qui lui était assigné. L'USE a largement participé aux travaux de diagnostic régional dans le cadre de la R/D, ce qui a mobilisé une grande partie de son énergie et de ses moyens. Elle a entrepris de nombreuses enquêtes à caractère descriptif et statistique qui mériteraient d'être mieux analysées et exploitées; par contre, l'USE n'a pas mesuré les effets des différentes actions du projet sur les pratiques paysannes traditionnelles. Les seules mesures d'impact qui ont été réalisées concernent la formation en CPR, mais les observations faites n'ont pas modifié l'orientation du projet dans ce domaine. Elle n'a pas suivi correctement certaines actions fondamentales du projet telles que le PAIC ou les actions dans le secteur irrigué.

Appréciation des effets du projet et de leur pérennité

Bénéficiaires: ce sont essentiellement les 2.093 bénéficiaires d'attelages ainsi que les 700 attributaires de parcelles irriguées.

Au niveau des résultats, les performances du projet sont mitigées. On estime à 1.900 t l'accroissement annuel de la production vivrière dû au projet, ce qui correspond à 12% des prévisions arrétées en 1980. La production irriguée additionnelle annuelle est estimée à 500 t de produits vivriers et à 535 t de coton soit respectivement 15% et 50% des prévisions. Les actions-test de petits aménagements hydro-agricoles se sont révélées négatives et la mise en valeur agricole autour de 202 puits maraîchers n'est pas entièrement satisfaisante.

Effets sur les revenus des bénéficiaires: les effets sur les revenus agricoles sont faibles. En fin de projet, la majorité des bénéficiaires sont endettés et font face à des difficultés de remboursement.

Effets sur les revenus et les conditions de vie des femmes: le projet n'a pas entrepris d'actions directes en faveur des femmes et son impact dans ce domaine est limité. Les femmes ont cependant bénéficié, autant que les hommes, d'une formation en CPR. Toutefois, c'est le mari qui à la sortie des CPR accédait au crédit pour les attelages. A Djiratawa, 10% des parcelles mises en valeur ont été affectées à des femmes.

Au niveau de l'organisation du monde rural, la réalisation de 392 actions villageoises a permis d'identifier les vrais problèmes de la dynamique villageoise, d'établir des relations étroites entre partenaires et d'évoluer vers la notion de Programme villageois de développement (PVD). Des dynamiques intéressantes ont été créées et cela est un effet positif du projet, malgré l'impact limité des diverses actions entreprises dans le cadre du PAIC.

Effets sur l'environnement et sur la base de ressource: aucun programme ni moyens n'ont été mis en oeuvre pour assurer la conservation du potentiel naturel de production.

Appréciation de la durabilité du projet: à rédiger

Principaux problèmes rencontrés

Un contexte difficile

voir II. 1

Tous ces facteurs ont joués de façon négative sur la production agricole tant pluviale qu'irriguée.

Une réorientation délicate

La réorientation du projet a entrainé une grave crise entre 1983 et 1985. Elle a occasionnée le licenciement du corps des vulgarisateurs, la réduction des moyens de financement et surtout des incertitudes et des hésitations pour mettre en oeuvre les nouveaux concepts tels que l'auto-encadrement,la R/D, le PAIC etc.. Malgré l'élan qu'on a voulu imprimer à la recherche développement, le message technique véhiculé par la vulgarisation est resté très classique. La conception de la vulgarisation est restée dans le cadre d'un schéma inspiré du système "Formation et Visite" qui a montré ses limites dans le cadre du projet. Les actions villageoises initiées dans le cadre du PAIC sont par nature initiées à la base, longues à mettre en place et nécessitant des réformes de l'organisation sociale. Elles ont été rendues encore plus difficiles par la crise économique et sociale liée à la sécheresse. Leur viabilité économique et sociale n'est pas assurée dans les conditions actuelles. La formation des jeunes couples de paysans en CPR n'a pas eu les résultats escomptés. A l'issue de la formation en CPR, les ex-stagiaires devaient servir de relais de vulgarisation et devaient devenir les animateurs du développement dans leurs villages respectifs. Les évaluations ont montré que les ex-stagiaires n'ont pas rempli le rôle qui était attendu d'eux. Très peu sont présents dans les comités de gestion des PAIC, leurs compétences ne sont pas utilisées par les villageois. L'auto-encadrement n'a pu être effectif.

Du point de vue instutionnel, la structure du projet s'est avérée être efficace pour la mise en oeuvre des composantes techniques et pour initier les actions villageoises. Elle a été peu efficace pour la conduite globale du développement, pour l'élaboration des politiques et pour articuler ses actions de recherche avec l'INRAN.

Recommandations et leçons à tirer

Dans l'immédiat, il est recommandé de:

  • maintenir à Maradi les cadres du projet formés à l'analyse du milieu, à la compréhension du monde rural et à l'intervention en milieu villageois;
  • capitaliser les très nombreuses informations collectées par l'USE ainsi que les résultats des activités de R/D;
  • approfondir les thèmes techniques concernant l'amélioration de l'usage de la culture attelée, des engrais et de la multiplication des semences;
  • aider les agents de l'auto-encadrement à devenir des partenaires privilégiés et les appuyer dans les actions où ils sont directement engagés.

Pour la suite, l'expérience de Maradi II démontre que malgré les difficultés, il existe dans la région un contexte favorable aux investissements agricoles. Les PVD en cours de mise en oeuvre peuvent constituer un cadre approprié à la poursuite des efforts entrepris par le projet Maradi II, à condition cependant de leur donner un contenu technique plus consistant, d'en renforcer la composante formation paysanne, de mieux préciser la fonction de suivi-évaluation et le rôle de l'assistance technique, et enfin de mieux harmoniser ces programmes de développement villageois avec les autres opérations de développement en cours dans la région.

 

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