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Tunisia: Irrigation Development Project in the Governorate of Sidi Bouzi

13 décembre 1996

Résumé du rapport d'évaluation terminale

L'aire géographique couverte par le projet correspond aux douze délégations du Gouvernorat de Sidi Bouzid, celles-ci couvrant une superficie totale de 755 500 hectares. La population totale du Gouvernorat compte 377 700 habitants en 1994 dont 78% de ruraux. La superficie agricole exploitée est de 412 000 hectares. Elle est occupée par 33 000 exploitations (381 000 ha) et par le "secteur organisé" de l'Etat (31 000 ha). Le relief est constitué de hautes plaines entrecoupées de chaînons rocheux. Le climat est semi-aride à aride dans le sud (300-200 mm). L'agriculture est principalement fondée sur l'arboriculture en sec, une irrigation localisée mais dynamique et l'élevage ovin. La céréaliculture en sec occupe des superficies importantes mais sa production est aléatoire. Cette région était encore dominée, il y a une quarantaine d'années, par l'élevage ovin extensif et la céréaliculture.

Les terres irriguées de façon intensive représentaient 27 700 ha en 1996 contre quelque 12 000 ha en 1984. Une partie de la superficie actuelle a été mise en valeur dans le cadre de Périmètres publics irrigués (PPI 2 900 ha, irrigué par forages). La reste correspond à des exploitations privées irriguées par des puits de surface (24 800 ha). A cela s'ajoutent des superficies irriguées partiellement par épandage de crues (8 750 ha). On compte 1 305 exploitations dans les PPI et 6 750 dans le sous-secteur des puits de surface. Ces exploitations, qui comprennent aussi, pour la plupart, des superficies exploités en sec, sont considérées comme petites ou moyennes.

Conception et objectifs du projet

Groupe cibile

Le projet d'irrigation de Sidi Bouzid est dérivé d'un projet identifié sur des bases plus larges et qui se proposait de développer les "petites et moyennes exploitations" du gouvernorat, en sec et en irrigué. Cette restriction du projet initial s'est faite lors de la préévaluation du projet par la Banque mondiale (actions en sec jugées non rentables). Le projet révisé s'est proposé de réhabiliter des PPI existants, d'en créer de nouveaux, de réhabiliter l'équipement des puits de surface et de développer l'irrigation par épandage de crues. Les exploitations en irrigué étant considérées pour l'essentiel, comme des exploitations petites et moyennes, le ciblage a été effectué de façon implicite, toutes les exploitations des superficies réhabilitées ou aménagées étant prises en compte.

Objectifs et composantes

Le projet se proposait une meilleure utilisation des infrastructures d'irrigation existantes (PPI et puits) et une plus grande valorisation des ressources en eau grâce aux réhabilitations et aux extensions. Les aménagements d'épandage de crue avaient été principalement conçus pour aider à la recharge de la principale nappe exploitée, celle de Sidi Bouzid, et ainsi compenser l'excès des prélèvements effectués par les puits de surface. Parallèlement, il était prévu d'apporter un meilleur soutien institutionnel à la gestion de l'irrigation en renforçant la capacité de l'Office de mise en valeur de périmètres irrigués (OMVPI) en matière d'entretien, de suivi technique, de vulgarisation et d'organisation des usagers.

Les composantes du projet comprenaient:

Développement des infrastructures d'irrigation

  • Réhabilitation de 8 PPI (1 200 ha).
  • Création de 1 PPI (240 ha).

  • Réhabilitation d'un périmètre d'épandage de crue, aménagement de 240 ha nouveaux et étude de factibilité sur 4 200 ha.

  • Réhabilitation de 700 puits de surface et octroi de crédits pour l'équipement de quelque 450 puits.

  • Construction de 60 km de pistes de desserte des zones irriguées.

Renforcement institutionnel de l'OMVPI

  • Renforcement du service d'entretien et de dépannage des PPI.

  • Renforcement du service de vulgarisation.

  • Création de deux unités de mécanisation.

  • Renforcement des services de soutien à la commercialisation.

  • Renforcement de la capacité d'assistance pour l'approvisionnement en intrants.

  • Assistance technique.

L'exécution du projet devait être confiée par le Ministère de l'agriculture à quatre opérateurs:

  • La Direction des grands travaux hydrauliques du Ministère de l'agriculture pour les études d'épandages.

  • La Direction des routes du Ministère de l'équipement pour les pistes rurales.

  • Des banques implantées localement (BNT, STB et Banque du Sud) pour le crédit.

  • L'OMVPI pour toutes les autres composantes.

Effets et résultats attendus

La superficie irriguée des PPI devait passer de 902 à 1 250 ha avec un accroissement du volume d'eau distribuée de 600 à 2 400 m3 /ha. L'efficience d'irrigation devait passer de 40 à 60%. La production des PPI devait augmenter de 3 000 t de fruits, 1 000 t de maraîchage et 7 500 t de fourrages. Les superficies irriguées par puits de surface devraient fournir 15 000 t additionnelles de maraîchage et 6 000 t de fourrages.

On devait atteindre 560 agriculteurs dans les PPI (50% du total 1984), 1 500 agriculteurs avec puits de surface (près de 50% du total 1984) et 500 agriculteurs irrigués par crues). Le revenu moyen des petites et moyennes exploitations des PPI devait passer respectivement de 480 à 960 TND et de 1 800 à 3 565 TND. Celui des puits de surface devait augmenter de 50%.

Évaluation

La mission a disposé de l'information contenue dans les rapports annuels, le rapport d'évaluation à mi-parcours (1987) et le rapport de "préévaluation terminale" réalisé par le CRDA en janvier 1996. La qualité de l'information a en partie souffert de l'inaccessibilité de nombreux documents non classés lors de la dissolution de l'OMVPI ainsi que du manque de données de "suivi-évaluation". Cette information a été complétée par un travail sur le terrain et des enquêtes spécifiques auprès des agriculteurs effectués lors de la mission terminale et lors des missions préparatoires. Une étude de simulation de l'effet des ouvrages d'épandage de crues sur la recharge de la nappe a été également conduite dans le cadre de ces travaux.

Contexte dans lequel le projet a été exécuté

Le principal changement survenu en cours de projet a concerné la modification du cadre institutionnel. En 1989, en effet, l'OMVPI a été dissout et ses responsabilités transférées au Commissariat régional représentant le Ministère de l'agriculture (CRDA). Ce transfert s'est accompagné d'une libéralisation de l'économie et d'un désengagement de l'Etat de certaines fonctions. Les composantes de services directs de l'Etat (mécanisation, commercialisation, intrants) n'ont ainsi plus eu de raison d'être. L'évaluation à mi-parcours, survenue avant ces changements, a formulé diverses recommandations qui ont été prises en considération. Le projet, initialement prévu pour une durée de six ans, a utilisé ses ressources sur une période de 10 ans (1984-93). Le report de clôture a été rendu possible par des reliquats résultants de coûts inférieurs aux prévisions et de ressources en monnaie locale obtenue par différence de taux de change. Ces reliquats ont été affectés à des réhabilitations et extensions de PPI non prévues et à une extension de la composante "épandage".

Réalisations du projet

La comparaison en dollars des coûts prévus (16,3 millions de USD) et des coûts effectifs (16 millions de USD) montre peu de différences. En revanche, évalué en dinars tunisiens, une différence notable apparaît, le coût effectif en TND (13,0 millions) étant de 40% plus élevé que le coût prévu (10 millions). Ceci s'explique par le glissement de la valeur du TND. La structure des coûts effectifs est également différente des prévisions. Ainsi, les infrastructures hydrauliques ont absorbé 56% des coûts au lieu des 39% prévus, les pistes agricoles 11% au lieu de 15% et la vulgarisation, 6% au lieu de 10%. Le FIDA a financé 52% des coûts au lieu des 45% prévus.

Pendant la période 1984-89 les dépenses totales du projet d'une part, le prêt FIDA d'autre part, ont représenté respectivement 67 et 35% du budget d'investissement cumulé de l'OMVPI. Pendant la période CRDA (1990-1993), les chiffres ont été de 16 et 8%. Par rapport au budget d'investissement cumulé de l'OMVPI et du CRDA, de 1984 à 1993, ces taux ont été de 35 et 17%. Les bénéficiaires n'ont pas participé au financement des investissements publics (PPI et épandage). Par contre, leur contribution, évaluée par la mission, s'est élevée à 13% du crédit "puits de surface". En incluant cet autofinancement, le coût réel du projet a ainsi été de 14,1 millions de TND, au lieu de 13,9 millions, selon la comptabilité du projet.

Réhabilitation et création de périmètre publics irrigués. La réhabilitation effectuée par le projet a concerné 9 des 10 PPI créés entre 1958 et 1965, soit 1 554 hectares. Le projet a en outre créé 3 PPI (492 ha soit 43% de la superficie dans 11 PPI créés depuis 1985). Au total, le projet est intervenu sur 12 des 21 PPI, soit 2 046 ha ou 74% de la superficie totale des PPI. Après réhabilitation, les volumes pompés dans les PPI concernés devaient passer de 1,4 à 4,8 millions m3. Le seuil des 2 millions m3 n'a été cependant franchi qu'en 1994 (2,6 millions m3), lorsque les effets des investissements de la Banque mondiale pour l'électrification des pompes se sont ajoutés aux travaux du FIDA. Les volumes distribués à la parcelle sont passés, en moyenne, de 950 m3/ha à 1 550 m3/ha, mais ils n'ont pas augmenté autant que prévu (2 400 m3/ha). Les résultats techniques ont ainsi été inférieurs aux attentes. Dans les trois PPI créés par le projet, la consommation d'eau est encore inférieure aux débits utilisables, en raison d'une sous-utilisation - que l'on espère provisoire, des infrastructures. Les deux derniers PPI créés ont été réalisés selon de bonne normes techniques, y compris certaines innovations en matière de distribution de l'eau dans le réseau.

Périmètres d'irrigation par épandage. Cette forme d'irrigation est traditionnelle dans la région mais peu productive en raison d'infrastructures précaires. Au moment de la conception du projet, il n'existait qu'un seul périmètre moderne (Od El Hachim, 1965) prévu pour irriguer 3 000 hectares. Endommagé par une crue en 1969, il n'irrigua jamais plus de 500 hectares. Ce périmètre a été réhabilité par le projet mais l'insuffisance des pluies dans le bassin versant a mis en évidence le surdimensionnement de ses infrastructures. Une solution partielle a été trouvée en faisant irriguer sa partie aval (500 ha) par l'Oued Fekka dont Od El Hachim est un affluent et dont le bassin versant est cinq fois plus grand. Les coûts de réhabilitation ont été de 205 TND/ha. Les réalisations dans l'Oued Fekka ont très largement dépassé les prévisions (quelque 4 000 ha au lieu de 500 ha). Bien que l'on ait "sauté" la phase de l'analyse du projet pilote, les réalisations techniques sont bonnes. Le coût d'aménagement varie, selon les périmètres, entre le 1 200 et 2 000 TND/ha. L'entretien de ces infrastructures constitue leur principal problème à long terme. Les usagers, groupé en AIC, ne payent que 2 à 3 TND/ha alors que le coût réel et de 19 TND/ha.

Développement des irrigations par puit de surfaces. Lors de la conception du projet, il avait été prévu de donner la priorité aux puits existants et de limiter drastiquement l'extension des puits, en raison de la surexploitation des nappes, surtout celle de Sidi Bouzid. Les périmètres d'épandage devaient contribuer à leur recharge. La première action prévue par le projet concernait la création d'unités techniques de l'OMVPI pour le curage et le rénovation des puits. Elle s'est révélée être un échec et le matériel de ces unités a été rétrocédé à des privés. La principale action, cependant, a concerné le crédit d'équipement des puits. Contrairement aux prévisions, ce crédit a essentiellement servi à équiper 813 nouveaux puits. Entre 1984 et 1992, le nombre de puits dans le gouvernement est passé de 3 200 à 6 800. Le FOSDA, la Banque mondiale et le FIDA ont financé 2 332 puits, soit 65% des 3 600 nouveaux puits. Ce changement d'orientation a répondu à une demande très forte des agriculteurs et il a été un important facteur de la dynamisation économique. Il a cependant laissé entier le problème de la gestion des ressources en eau souterraines.

Pistes rurales. Le projet a réalisé les 60 km de pistes prévus, mais à un coût de 25 000 TND/km au lieu des 11 000 prévus. Cette différence s'explique par un changement de norme technique (bitumage de 23 km). Ces pistes/routes rurales sont surtout localisées dans les zones déjà bien desservies.

Crédit agricole. Cette composante devait jouer un rôle important dans le financement du projet mais elle n'a finalement concerné que les investissements dans les puits de surface. Il était prévu, pour un montant total d'investissement évalué à 2,19 millions de TND 1983, un autofinancement des agriculteurs de 25%, une subvention de 14% et un crédit de 61%. Ce même montant a été évalué, en fin de projet, à 2,41 millions de TND, répartis entre 13% pour l'autofinancement, 38% pour les subventions financés par l'Etat et 49% pour le crédit (financé par le FIDA). Le crédit a concerné 853 opérations pour un montant total de 1,19 million de TND. Il a été géré par la BNT - intégrée depuis à la BNA - la STB et la Banque du sud. Toutes ces opérations sont arrivées à terme mais le taux de remboursement n'est que de l'ordre de 23%. Les impayés sont dus par 97% des emprunteurs. Ces crédits ont été distribués sans garanties foncières. Dans l'hypothèse, la plus probable, d'une non-récupération des impayés, le développement des puits de surface aura été financé à hauteur de 87% de son coût par des subventions et par une dotation involontaire correspondant aux crédits non recouvrés.

Le renforcement du soutien institutionnel. Les ressources affectées à cette composante ont été utilisées pour les opérations suivantes:

  • Création de deux unités de l'OMVPI chargées de la maintenance du PPI.

  • Prestations de travaux de mécanisation agricoles. Les deux centres de mécanisation réalisés ont cessé de fonctionner en 1989. Lors de la mission à mi-parcours, ils n'opéraient qu'à 50% de leur potentiel. Leur matériel a été transféré à la SONAM.

  • Approvisionnement en intrants subventionnés. Les 15 magasins prévus ont été réalisés. Ils ont cessé de fonctionner en 1990 avec la libéralisation du commerce des intrants. Les magasins ont été transformés en dépôts à usage des cellules territoriales de vulgarisation (CTV).

  • Aide à la commercialisation. Trois centres de collecte existants ont été équipés et trois centres nouveaux construits. Ces centres ont fonctionné à perte pendant deux ans et ont disparu avec la dissolution de l'OMVPI.

  • Vulgarisation. Les infrastructures et l'équipement ont été réalisés, permettant d'atteindre dans l'irrigué un taux d'encadrement d'un vulgarisateur pour 197 agriculteurs (au lieu de 1 pour 250 auparavant). Depuis 1990, l'encadrement dans l'irrigué ne se distingue plus de l'ensemble du service de vulgarisation du CRDA.

  • Assistance technique. Celle-ci a essentiellement aidé à des améliorations du système de gestion de l'OMPVI. Ces améliorations n'ont pas pu être "intégrées" au CRDA, mis à part le maintien d'une cellule comptable chargée du projet FIDA. L'assistance apportée en matière de suivi-évaluation n'a eu aucun impact durable.

Effets du projet

Effets sur le groupe cible. Le choix des bénéficiaires a obéi à une logique "spatiale" dans les PPI et les périmètres d'épandage - toutes les exploitations incluses dans ces périmètres étant "intégrées" - et à une logique de la "demande" pour les puits de surface. En ce qui concerne la composante "puits de surface", on constate que 48% des opérations de crédit sont allées à des exploitants ayant au total (sec + irrigué) moins de 10 ha tandis que 21,5% allaient à des exploitations de plus de 20 hectares. En ce qui concerne l'affectation des prêts, on observe que les bénéficiaires ayant plus de 5 ha irrigués (24,7% du total) détiennent 44,5% des superficies irriguées touchées par le crédit. Les bénéficiaires de 2 à 5 ha (63,5% du total) détiennent 51,7% de ces superficies, le reste concernant des exploitations de moins de 2 ha (11,9% des bénéficiaires). Il y a eu au total 890 bénéficiaires. Pour ce qui est des PPI, on recense 1 024 bénéficiaires. Ceux-ci se situent pour 14,9% dans la strate de plus de 20 ha de superficie totale (sec + irrigué), pour 53% dans celles de 5 à 10 ha et pour 32% dans celle de moins de 5 ha. On constate que 9% des exploitants détiennent plus de 5 ha dans les PPI (34,1% de la superficie des PPI tandis que 61,2% ont moins de 2 ha irrigués (27.7% de la superficie des PPI). Dans les périmètres d'épandage, on estime que 32% des quelque 1 000 bénéficiaires recevant régulièrement de l'eau ont des exploitations de moins de 5 ha et 54% de 5 à 20 hectares. La superficie moyenne irriguée par épandage est de 4 hectares. Les bénéficiaires du projet irrigation participent à la gestion des infrastructures publiques au travers d'associations d'intérêt collectif (AIC). Celles-ci sont récentes et fonctionnent encore de façon inégale.

Effets sur la productivité. La superficie équipée pour l'irrigation (PPI, puits et épandage) dans les exploitations touchées par le projet est passée de 2 041 ha à 9 181 hectares. Cette dernière superficie comprend une superficie effectivement irrigable de 7 953 hectares. La superficie cultivée est de 8 776 hectares. Dans les PPI, l'efficience générale de l'irrigation est passée de 40 à 55%. Dans les superficies irriguées par puits de surface, les apports d'eau à la plante sont de l'ordre de 3 400 m3/ha (contre 1 500/2 000 m3/ha sans projet). Dans les périmètres d'épandage, les apports d'eau moyens sont de l'ordre de 3 000 m3/ha. Les rendements ont augmenté notablement grâce à une meilleure irrigation et un meilleur usage des intrants.

Effets sur la production. La production additionnelle dans les secteurs irrigués touchés par le projet est estimée à 5 956 t pour les olives (contre 7 610 prévus), 2 363 t pour les arbres fruitiers (2 049 prévus), 32 880 t pour le maraîchage (16 050 prévus), 4 235 t de fourrage (14 141 prévus) et 4 358 t de céréales. On observe que les agriculteurs ont opéré un transfert du fourrage vers le maraîchage.

Effets sur les revenus et l'emploi. Les modèles d'exploitations montrent des augmentations substantielles. C'est ainsi que dans les PPI, le revenu familial d'une exploitation moyenne (sans les revenus extra-agricoles) est passé de 2 414 TND avant projet à 3 964 TND; la valorisation de la journée de travail est passée de 13,4 à 18,9 TND. Dans les exploitations irriguées par de nouveaux puits, le revenu familial est passé de 1 192 TND à 6 569 TND tandis que la rémunération de la journée de travail est passée de 10,2 à 19,5 TND. Dans les exploitations des PPI, les revenus de la production irriguée par rapport à ceux de l'agriculture en sec sont de l'ordre de 50 à 60% du total. Dans les exploitations avec puits de surface, ils représentent 75 à 80% du total.

Rentabilité des investissements. Le taux de rentabilité globale du projet est de 31,8%, soit plus de double de celui de 13% avancé lors de l'évaluation initiale. La rentabilité des investissements réalisés dans chaque composante est de 23,2% pour les PPI réhabilités, 10,1% pour les nouveaux PPI, 39,3% pour les puits de surface et 31,3% pour les périmètres d'épandage de crue.

Effets sur les ressources naturelles. L'un des principaux effets attendus du projet dans ce domaine concernait la recharge de la nappe de Sidi Bouzid grâce aux épandages. Cet effet n'a pu être que partiellement apprécié mais il est apparu que le problème devait être analysé aujourd'hui dans un contexte différent de celui que permettaient les connaissances hydrogéologiques de 1984. En fait, les ressources en eau sont plus importantes que prévu du fait notamment de la continuité de la nappe superficielle et de la nappe profonde. Les rabattements observés dans les puits ne sont ainsi pas un indicateur d'épuisement. En revanche, il est apparu un autre risque, celui d'une salinisation par la nappe aval si l'augmentation des prélèvements au delà de certains seuils se conjuguait avec une série d'années sèches. Ce risque peut être minimisé par une gestion rigoureuse de la nappe. La salinisation des sols dans les zones d'épandage constitue également un risque qui pourrait être contrôlé par un meilleur drainage. Un dernier risque concerne les effets indirects de pollution de l'eau résultant d'une activité hors zone du projet, celle de l'usine de pâte à papier d'alfa de Kasserine.

Recommandations

Recommandations relatives aux PPI

  • En ce qui concerne les réhabilitations de PPI, substituer une stratégie sélective de "rénovation" - prenant en compte chaque PPI dans son ensemble - aux approches de "réparation" au cas par cas, qui a caractérisé les interventions du projet.
  • En ce qui concerne la gestion des PPI, favoriser un nouveau rapport entre l'Etat et les usagers, ces derniers prenant en charge collectivement les fonctions de gestion. Le rôle de l'Etat devrait se limiter au contrôle de la gestion de la nappe, à la mise en cohérence des projets d'ensemble, à une régulation d'ensemble. La création de nouveaux PPI par l'Etat ne devrait être envisagée que lorsqu'elle dépasse les capacités, groupées ou individuelles, des entrepreneurs privés.

Recommandations relatives aux puits de surface

  • Favoriser une responsabilisation collective pour la gestion des nappes, par exemple en promouvant des "AIC de gestion des nappes".

  • Concevoir un programme d'électrification des pompes desservant les puits de surface afin de réduire les coûts de l'eau, améliorer l'efficience du pompage et fournir les moyens d'un contrôle des prélèvements dans la nappe. Le coût à court-moyen terme de l'électrification serait à comparer au risque d'une perte de compétitivité des exploitations irriguées par puits et à celui d'une salinisation irréversible de la nappe du fait de prélèvements incontrôlables.

Recommandations relatives à l'irrigation par épandage de crue

  • Mieux apprécier l'intérêt économique de l'épandage de crue et relativiser son rôle sur la recharge de la nappe.

  • Mieux évaluer le dimensionnement des infrastructures en fonction du potentiel des bassins versants.

  • Mieux assurer l'entretien des infrastructures par les usagers, notamment en alimentant un fonds d'entretien lors des bonnes années.

  • Laisser les usagers résoudre eux-mêmes les problèmes de distribution de l'eau entre les parcelles, ne pas ignorer la répartition de la terre entre les groupes sociaux traditionnels et y adapter le réseau.

  • Lancer une étude globale sur le potentiel de développement des épandages, en tenant compte notamment de la construction à long terme du barrage de Khangat Zazia.

Recommandations relatives au soutien institutionnel

  • Mettre en place des mécanismes du concertation pour amener les services techniques à travailler du façon "intégrée" et multidisciplinaire. Introduire des systèmes d'information sur les actions et les résultats obtenus dans chaque secteur.

  • Mieux adapter la stratégie nationale de vulgarisation aux besoins et aux conditions locales et élaborer les programmes avec les usagers plutôt que sur la base "d'orientations nationales" venant du centre.

  • Repenser les mécanismes du crédit pour mieux les adapter aux besoins des agriculteurs, aux garanties dont ils peuvent disposer (notamment collectives) et à leurs capacités de remboursement.

  • Mettre en place un système de suivi-évaluation susceptible, notamment, de mieux valoriser la capacité d'adaptation dont ont fait preuve les agents du CRDA.

 

 

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