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Upper Mandraré Basin Development Project – phase 2 (2009)

07 décembre 2009

Evaluation terminale - Résumé exécutif

Introduction

Objectifs et processus de l'évaluation. L'évaluation terminale du Projet de mise en valeur du Haut Bassin du Mandraré phase 2 vise, d'une part, à répondre à l'obligation du Fonds international de développement agricole (FIDA) de rendre compte des résultats et impacts atteints par les opérations financées auprès de ses membres et partenaires. D'autre part, elle doit contribuer à l'apprentissage par les partenaires du projet, au profit de la préparation et de la mise en œuvre d'autres interventions de développement rural à Madagascar. L'évaluation est centrée autour de 5 dimensions : 1) la performance du projet (pertinence, efficacité et efficience), 2) l'impact du projet sur la pauvreté rurale, 3) la durabilité des résultats, 4) les innovations, leur réplication et adoption institutionnelleet 5) la performance du FIDA et de ses partenaires. Après une mission préparatoire en mai 2008, la mission principale a eu lieu du 9 juin au 4 juillet 2008. Elle s'est appuyée sur trois sources d'information : revue de la documentation disponible, entretiens avec les intervenants et partenaires du projet et observations sur le terrain dans une quinzaine de villages de 6 communes des 11 couvertes par le projet. Une réunion de synthèse a été organisée le 04 juillet 2008 au Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (MAEP) avec les différents partenaires et a permis de discuter de l'aide-mémoire de la mission.

Contexte du pays. Madagascar est un pays insulaire situé à 400 km au large de l'Afrique de l'Est d'une superficie de 587 000 km², pour une population de 18,1 millions d'habitant (2007), dont 73 per cent vit en milieu rural et près de 44 per cent a moins de 15 ans. La croissance démographique est encore élevée (2,8 per cent par an). Le produit national brut par habitant se situe à 375 USD (2007) et le taux de croissance économique moyen est de 5 per cent (2004-2007). Vis-à-vis de l'indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le développement (2007), Madagascar est classé au 143ème rang sur 177 pays. La durée de vie moyenne des malgaches était de 54,7 ans en 2005. L'agriculture emploie 78 per cent de la population active et procure 28 per cent du produit intérieur brut (2007). La population vivant au dessous du seuil de la pauvreté représentait 66,3 per cent en 2007 contre 69,6 per cent en 2001. En 2005, la pauvreté touchait encore 73,5 per cent de la population rurale, en majorité agricole, contre 77,2 per cent en 2001. La faiblesse de la production agricole domestique est identifiée comme étant la cause majeure de malnutrition et de pauvreté.

Stratégie du FIDA à Madagascar. De 1979 à 2000, l'action du FIDA était centrée sur l'accroissement de la production vivrière et l'amélioration de l'autosuffisance alimentaire particulièrement en riz et en viande. Le Document des options stratégiques pour le pays (COSOP) de 2000 était axé sur : l'amélioration de l'accès des ruraux pauvres aux technologies basées sur la demande des producteurs, le renforcement des capacités des exploitations à travers notamment l'amélioration des infrastructures hydrauliques, l'organisation des producteurs au sein d'associations d'usagers et la promotion de la traction animale ou mécanique. Elle prévoyait en outre, l'appui et le renforcement des institutions locales et des services décentralisés de l'Etat. Le dernier COSOP (2007-2012) est centré autour de trois axes stratégiques : 1) améliorer la gestion des risques (notamment ceux liés à la production agricole et l'insécurité foncière) et réduire la vulnérabilité des ruraux pauvres en leur donnant plus largement accès aux ressources et aux services; 2) améliorer les revenus des ruraux pauvres par la diversification des activités agricoles et la promotion de l'entreprenariat rural; 3) professionnaliser les petits producteurs et leurs organisations.
Le Projet de mise en valeur du Haut Bassin du Mandraré a été identifié suite à la crise alimentaire de 1991 qui a sévèrement affecté le sud du pays à la suite de plusieurs années de sécheresse. La première phase (PHBM I de 1996 à 2000) a concerné quatre communes (3 233 km²) totalisant 39.800 habitants en 1996. Le montant du Prêt FIDA s'élevait à 6,9 millions USD. La réalisation du PHBM I a contribué aux efforts de redressement de la situation de la zone à travers le désenclavement partiel (102 km de routes et pistes), l'aménagement et la réhabilitation de 2.306 ha de périmètres irrigués, l'amélioration des infrastructures sanitaires (4 Centres de santé de base construits), l'amélioration des conditions sanitaires de l'élevage (23 couloirs de vaccination) et un début d'organisation de la population (133 organisations de producteurs mises en place). L'évaluation intermédiaire du PHBM I en 2000 par le Bureau de l'évaluation a montré que la zone du projet était encore caractérisée par : la persistance d'un enclavement sévère et d'une insécurité alimentaire épisodique et localisée à cause d'une forte variabilité climatique, un environnement économique et social encore peu favorable à un développement durable, une insécurité rurale endémique liée aux vols de bétail, et des services et des infrastructures socio-économiques très faiblement développés. Le PHBM II (2001-2008) a été formulé et pré-évalué durant l'année 2000, à un coût estimatif de 23 millions USD. Il couvrait neuf communes rurales (8.600 km²) devenues onze en 2003 après la scission administrative de deux communes, y compris les quatre communes déjà couvertes par le PHBM I, et ciblait la totalité de la population de la zone d'intervention constituée de 96 000 personnes (17.400 ménages) et particulièrement les femmes, les jeunes et les paysans sans terre. Le MAEP était le ministère de tutelle du projet et le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) était l'Institution coopérante du FIDA chargée de l'administration du prêt et de la supervision du projet (jusqu'en 2007).

Objectifs et composantes. L'objectif général du projet était de « contribuer à la réduction de la pauvreté rurale, notamment à travers : 1) la diversification et l'accroissement du revenu de la population rurale ; 2) l'amélioration de la sécurité alimentaire des ménages ruraux et 3) la contribution à la restauration et la gestion durable des ressources naturelles ». Le PHBM II comportait cinq composantes : A) Renforcement des capacités locales (7,7 per cent du coût total) ; B) Appui aux initiatives locales (46,6 per cent) ; C) Appui aux services financiers (4,6 per cent) ; D) Désenclavement de la zone (28,2 per cent) ; et E) Coordination, gestion et suivi-évaluation (12,9 per cent).

Performance du projet

En matière de renforcement des capacités locales, les résultats obtenus concernent, pour l'essentiel : (i) la réalisation d'une planification participative locale centrée sur les communes, qui a conduit à l'élaboration de 135 Plans de développement communautaires villageois (PDCV) consolidés sous forme de 11 Plans communaux de développement (PCD); ii) la formation et la mise en place de 11 Animateurs de développement communal et 132 animateurs relais villageois; iii) le recrutement et la formation de plus de 1300 spécialistes villageois assurant des services sociaux et économiques aux communautés dans divers secteurs d'activités ; iv) la mise en place et le renforcement des capacités, au niveau de chaque commune, d'un Comité communal de développement (CCD) comme espace de concertation et organe représentatif et consultatif assurant l'interface entre la commune et les populations ; v) la promotion de près de 1 500 organisations rurales à vocations économiques et sociales multiples; vi) l'alphabétisation de 6 600 adultes (49 per cent de femmes); vii) la promotion de la communication rurale (station radio), la nutrition et la santé communautaire en tant qu'outils de développement complétant les autres actions de renforcement des capacités.
L'appui aux initiatives locales exprimées dans les PDCV et les PCD, s'est concrétisé  notamment à travers le financement de près de 1 130 mini-projets (MP) productifs d'agriculture, d'élevage et d'environnement ; le renforcement des infrastructures agricoles et d'élevage (2 250 ha de périmètres irrigués aménagés, plus de 6 000 équipements agricoles subventionnés, 46 couloirs de vaccination aménagés…) ; et le développement des infrastructures économiques et sociales (15 km de pistes communautaires, 21 ouvrages de renforcement et de franchissement et 36 points d'eau aménagés, 9 écoles et 5 centres de santé construits). En outre, ces initiatives locales ont été soutenues par des activités transversales et d'accompagnement (introduction et vulgarisation d'itinéraires techniques de près d'une vingtaine de variétés performantes de manioc, riz, maïs et sorgho ; appui à la commercialisation, à l'approvisionnement et aux services agricoles ; et  promotion d'actions environnementales).
En matière de désenclavement, les résultats ont concerné essentiellement la réhabilitation de 140 km de Routes d'intérêt provincial (RIP), dont 79 km à travers le partenariat avec le Programme sectoriel des transports et la réhabilitation de 64 km de Pistes intercommunales. En ce qui est de l'appui aux services financiers, le projet a mis en place une mutuelle d'épargne et de crédit et 9 caisses installées au niveau des chefs lieu des communes.

Pertinence. La conception du projet a présenté des points forts ayant largement favorisé l'atteinte des résultats, décrits ci-dessus. D'abord, le projet a adopté une approche participative de planification et de gestion du développement local harmonisée et bien articulée entre le niveau communal et villageois et son renforcement par des actions complémentaires de renforcement des capacités (alphabétisation; information-éducation-communication [IEC] relative à la santé, la nutrition et l'éducation environnementale; organisation et formations des producteurs; communication rurale). Puis, il a  mobilisé des ressources adéquates (humaines, financières et techniques) qui ont permis d'assurer un appui concret aux initiatives locales des populations rurales exprimées dans les PDCV et PCD.  Finalement, le projet a maintenu, tout au long de son exécution, une bonne cohérence globale de ses objectifs avec les stratégies du gouvernement et du FIDA grâce à des réajustements et recentrages multiples opérés par les missions de supervision et de revue à mi-parcours.

Pourtant, la conception du PHBM II comprenait aussi des faiblesses de nature à limiter l'ampleur de l'impact dans certains domaines et la durabilité du projet. Premièrement, le volet infrastructures sociales (santé, éducation et adduction en eau potable) était sous dimensionné, alors que son importance cruciale avait été pourtant soulignée par l'évaluation intermédiaire de 2000. La préparation du projet manquait une réflexion et des efforts réels pour l'établissement d'un partenariat solide qui aurait pu pallier cette faiblesse. Deuxièmement, la conception initiale ne prenait pas en compte les services techniques déconcentrés (STD) comme partenaire institutionnel stratégique privilégié pour la mise en œuvre du projet et comme cible prioritaire du renforcement des capacités. Et troisièmement, elle négligeait le niveau communal comme espace pertinent de planification et de gestion du développement local, en focalisant toute l'approche participative du projet sur le niveau villageois. Tenant compte de ces considérations, la pertinence du projet est jugée modérément satisfaisante.

Efficacité. Sur le plan des résultats, le projet a présenté une bonne performance globale dans la mesure où, un mois après son achèvement, il a atteint un taux global d'exécution financière de 96,4 per cent (en monnaie locale) et un taux d'exécution physique de 122 per cent. Le taux de décaissement du prêt FIDA à cette même date était de 97,07 per cent. Sur le plan de l'atteinte des objectifs spécifiques, le projet a présenté, des niveaux variables d'efficacité selon les objectifs visés, ainsi :
une bonne efficacité a été observée au niveau de l'objectif de renforcement des capacités locales de planification et de gestion du développement économique et social,  se manifestant notamment à travers : la bonne appropriation par les CCD du processus de planification participatif, de concertation, de recherche de partenariats et de gestion du développement local ; l'ancrage solide des CCD dans les structures communales ; le renforcement des capacités collectives et individuelles des communautés locales par la constitution et la formation des organisations de producteurs et l'IEC liée à la santé et la nutrition et l'alphabétisation des adultes ; et  l'implication réelle des spécialistes villageois, formés dans la fourniture de prestations locales de services au profit des communautés. Néanmoins, l'évaluation souligne, du côté des  faiblesses, le manque de dynamisme des Comités villageois de développement, des associations et des comités chargés de l'exploitation et l'entretien de certaines infrastructures socioéconomiques (centres de santé, points d'eau, pistes).

Une bonne efficacité a été observée, également, au niveau de l'objectif d'appui aux initiatives locales, révélée à travers, d'une part, l'extension des superficies irriguées et l'amélioration de l'intensification dans les périmètres irrigués grâce à une meilleure sécurisation hydraulique et, d'autre part, le renforcement des équipements agricoles des exploitants et la vulgarisation de nouvelles techniques agricoles et d'élevage à travers la promotion de près 1 130 MP. La principale faiblesse résidait dans le faible degré d'appui en matière d'infrastructures sociales et de pistes d'accès, qui s'explique par la sous-estimation de ces volets dans la conception. En outre, la plupart des infrastructures mises en place ne sont pas exploitées et entretenues d'une manière optimale à cause de l'inadéquation des approches et des modalités adoptées pour leur mise en œuvre, du manque de formations spécifiques des comités censées les gérer et l'enclavement persistant d'un grand nombre de villages entravant la pleine utilisation des infrastructures.


L'efficacité du projet en matière d'atteinte de l'objectif spécifique de développement de systèmes agricoles durables était assez limitée. Quelques points forts ont été observés concernant notamment le développement de la riziculture irriguée et celui du maraîchage sur les berges des cours d'eau avec une utilisation importante du fumier, la conduite d'un essai d'aménagement intégré dans 5 sites et les tentatives plus ou moins réussies de diversification et de renforcement des activités agricoles pluviales et d'élevage (manioc, élevage caprins, santé bovine). Néanmoins, beaucoup de points faibles ont été observés. D'abord, le développement de la riziculture irriguée est fragilisé par la maîtrise hydraulique incomplète au niveau des périmètres irrigués1 et des parcelles, les rendant vulnérables pendant la contre saison et durant les années à pluviométrie déficitaire. Le développement du maraîchage aussi est limité par l'implantation des parcelles maraîchères le plus souvent le long des berges de petits ruisseaux et rivières à écoulement intermittent et à potentialités réduites en sols irrigables, et la prédominance de la technique d'irrigation par arrosoir. Puis, la diversification des cultures pluviales est restée faible (dominance du manioc) et la vulgarisation et l'intégration dans le système pluvial de techniques de défense et de restauration des sols (DRS) susceptibles d'atténuer les risques liés aux aléas pluviométriques étaient insuffisants. Ensuite, les systèmes d'élevage  promus restent fragiles et sont faiblement intégrés dans les systèmes agricoles. Finalement, les actions portant sur la gestion des ressources naturelles sont restées de caractère ponctuel et démonstratif dans l'absence d'une vision globale d'aménagement et de gestion durable des ressources naturelles.

Une bonne efficacité est observée concernant l'objectif de valorisation de la production à travers le désenclavement, le meilleur accès aux marchés et la réduction des pertes après récoltes. Les actions de réhabilitation de routes et de pistes d'accès, quoique n'ayant pas aboutit au désenclavement total de la zone, ont permis une nette amélioration des conditions de circulation des biens et des personnes dans la zone du projet. Elles ont contribué ainsi à : une meilleure accessibilité aux marchés communaux, à certaines zones de production et aux grands centres de consommation hors de la zone du projet ; une réduction notable des temps de transport ; l'augmentation appréciable du nombre de collecteurs de produits agricoles et de transporteurs et l'augmentation du volume des produits sur les marchés locaux et leur dynamisation. En outre, le développement extraordinaire des décortiqueries de paddy (plus d'une trentaine) a engendré une réduction notable des pertes après récolte. Ces différents éléments ont permis de réduire sensiblement les coûts de transaction commerciale et par conséquent une meilleure valorisation de la production agricole. Néanmoins, il y a aussi certaines faiblesses se rapportant notamment à l'inachèvement et la fragilité du désenclavement de la zone2 et aux difficultés persistantes liées à l'approvisionnement en intrants et à la commercialisation des produits maraîchers.

Quant à l'objectif d'amélioration des l'accès aux services financiers de proximité, une efficacité modérément satisfaisante est observée. La mise en place de la mutuelle d'épargne et de crédit FIVOY et ses 9 caisses c'est fait tardivement (2004) mais a, depuis, largement facilité l'accès aux services financiers de la population comme l'indiquent les résultats du réseau : un taux de pénétration de 15 per cent, contre un taux prévu de 5 à 10 per cent ; 5 213 bénéficiaires touchés (43 per cent de femmes), contre 4 500 prévus ; adhésion de 3 455 personnes (26 per cent de femmes) etc. En outre, les groupes les plus vulnérables (femmes et paysans sans terre ou bétail) ont été correctement touchés par le réseau grâce à une gamme variée de produits, dont certains n'exigent que la garantie morale d'un groupe solidaire tels que le crédit avec éducation adapté spécifiquement au développement des activités génératrices de revenu féminines et le crédit fonds de roulement associatif destiné au financement des activités des petits groupements de producteurs. Cependant, certaines faiblesses sont observées concernant surtout : la faible capacité de mobilisation de l'épargne (< 30 per cent du montant des crédits alloués) ; la progression très lente vers l'autonomie financière (prévue en 2011 au lieu de 2008) et ; la très faible couverture des villages en dehors des chefs lieux des communes.

En conclusion, compte tenu des éléments d'appréciation mentionnés ci-dessus, et en considérant la situation de départ de la zone du projet, l'efficacité du projet est jugée satisfaisante dans l'ensemble.

Efficience. L'évaluation estime que le taux de rentabilité interne économique des investissements productifs du projet est d'au moins 27 per cent, et que le délai de récupération du capital est inférieur à 7 ans, ce qui montre que les investissements engagés (2001-2007) ont été déjà amortis en 2008. Cette performance économique exceptionnelle s'explique essentiellement par les faibles coûts unitaires des aménagements de périmètres irrigués. Par ailleurs, l'atteinte d'un taux d'exécution physique de l'ordre de 122 per cent avec l'engagement de 96 per cent du budget prévu constitue un indice supplémentaire de l'efficience du projet. Cependant, l'efficience des services financiers ruraux promus par le projet était assez modeste, à cause des conditions défavorables de la zone de projet et des capacités techniques et de gestion assez faibles du personnel. En somme, l'efficience globale du PHBM II est jugée satisfaisante.

Impacts du projet sur la pauvreté rurale

Le PHBM II a eu globalement un impact satisfaisant sur la pauvreté rurale. Néanmoins, l'ampleur de cet impact est variable selon les domaines.

Revenus et biens des ménages. Les impacts perçus à ce niveau sont très satisfaisants. Le suivi effectué par le Réseau des observatoires ruraux dans la zone a montré en effet, qu'entre 2002 et 2005, le revenu monétaire moyen par habitant a connu un accroissement de l'ordre de 74 per cent. L'accroissement des revenus a touché toutes les catégories sociales et principalement les ménages sans terre ni bétail (accroissement de 178 per cent) et les petits exploitants ayant moins de 0,30 ha irrigués (160 per cent) qui constituent la cible privilégiée du projet. Cette augmentation des revenus a eu une incidence notable sur l'amélioration de l'état des logements et le renforcement des équipements ménagers et agricoles.

Production agricole et sécurité alimentaire. Dans ce domaine, les impacts perçus ont été également très satisfaisants grâce, notamment, à l'accroissement de la production en riz et en manioc qui a connu, entre 2001 et 2007, une augmentation de 92 per cent et 118 per cent, respectivement, ainsi que la promotion de la production de l'oignon et de l'ail (620 et 160 tonnes, respectivement) essentiellement destinée à la commercialisation. Le PHBM II a obtenu ces résultats rapides et importants grâce notamment à l'application d'une approche filières ciblant trois spéculations porteuses (riz, ail et oignon) qui bénéficiaient d'un important accroissement de la demande de la part de la ville de Fort Dauphin en plein essor et de la hausse mondiale des prix céréaliers. Cependant, la productivité de l'élevage n'a pas connu une amélioration sensible et la diversification et l'amélioration des cultures sèches ont été assez limitées et restent à risque des déficits pluviométriques épisodiques. La sécurité alimentaire des ménages a connu une amélioration notable se manifestant par l'accroissement significatif du taux des ménages assurant leur autosuffisance alimentaire qui est passé de 36 per cent en 2001 à 78 per cent en 2008.

Capital social et renforcement du pouvoir. Le projet a eu aussi un impact très satisfaisant sur le renforcement des capacités individuelles et collectives des populations rurales à travers l'alphabétisation, la communication, l'organisation en groupements et associations de base et la formation. L'approche participative a permis, en outre, d'instaurer une nouvelle culture de concertation et de confiance en soi à tous les niveaux et a permis une meilleure intégration sociale et économique des catégories traditionnellement marginalisées (paysans pauvres et femmes notamment). Par ailleurs, le statut social et économique des femmes s'est nettement amélioré. Elles sont désormais mieux impliquées dans la nouvelle dynamique d'épanouissement social et de développement économique constituant plus de 40 per cent des membres des organisations de base, 67 per cent des bénéficiaires des MP et 50 per cent des bénéficiaires du service de crédit. Néanmoins, le développement social nettement perceptible pour certains aspects, reste encore handicapé en raison, notamment, de l'importance des besoins non encore satisfaits en matière d'infrastructures et de services d'adduction en eau potable, de santé et d'éducation. En outre, la situation des jeunes n'a pas connu une amélioration notable faute de mécanismes spécifiques de ciblage.

Ressources naturelles et environnement. Le projet commence à engendrer certains effets assez perceptibles dans ce domaine à travers l'émergence d'une conscience et d'une certaine discipline environnementale aussi bien sur le plan individuel que collectif grâce aux actions de sensibilisation, d'éducation et de démonstration initiées. Cependant, le caractère ponctuel et démonstratif de ces actions et le manque de recul nécessaire n'a pas encore favorisé l'apparition d'impacts à grande échelle. En outre, certains effets et impacts négatifs pourront être engendrés à moyen et à long terme du fait, notamment, de l'absence d'intégration des actions de DRS dans le système de production agricole pluviale pratiqué dans les versants et l'absence d'une vision et de bonnes pratiques de gestion rationnelle et durable des ressources en eaux et en sols dans les périmètres irrigués.

Institutions et politiques. Le projet a permis une transformation radicale du paysage institutionnel local à travers le renforcement des capacités et la dynamisation des structures communales (CCD, conseil communal) et la mise en place d'un Centre de services agricoles (CSA), d'un réseau de micro-finance de proximité et d'un guichet foncier intercommunal (GFI). En revanche l'apport du projet a été très limité dans le domaine de la consolidation et de la dynamisation des STD.

Autre critères de performance

Durabilité. Il est difficile d'apprécier ce critère à ce stade faute de recul nécessaire. Pourtant, il existe des indices favorables qui concernent notamment : la bonne appropriation de la planification et la gestion du développement local par les CCD et les conseils communaux ; l'enthousiasme de la plupart des organisations de producteurs créées ; l'apparition d'une nouvelle sensibilité plus favorable à la protection et la gestion rationnelle des ressources naturelles ; et l'émergence de nouvelles institutions locales de service. En revanche, il y a aussi des risques réels pour la durabilité des acquis du projet, résidant notamment dans : le désenclavement incomplet et fragile de la zone ; le retard relatif observé dans le domaine social lié à l'insuffisance des infrastructures et services éducatifs, sanitaires et d'eau potable ; la fragilité de l'amélioration de la production agricole liée aux aléas climatiques et au manque de pratiques rationnelles d'aménagement et de gestion des ressources en eau et en sols ; la faible efficience des services de micro-finance ; la faible capacité des services techniques déconcentrés à prendre le relais du projet, à cause des faibles opportunités de renforcement des capacités offertes à ces derniers par le projet ; et la fragilité des institutions de services nouvellement créées (CSA et GFI) liée à leur jeunesse.

Innovations. Le projet a permis l'introduction de nombreuses innovations qui concernent notamment la mise en œuvre, à grande échelle, d'une approche participative de planification et de gestion du développement local, l'introduction de l'approche filière et son intégration avec l'approche participative, l'intégration du concept de pérennisation des acquis dès le stade de la conception et son opérationnalisation au cours du projet à travers un Programme de pérennisation des acquis et de transfert des avoirs et des savoirs, l'expérimentation en milieu paysan d'un nouveau concept d'aménagement de sites intégrés et l'introduction de nouvelles techniques de production végétale et animale et la diversification des cultures. Cependant, le projet a manqué certaines opportunités intéressantes d'innovation concernant surtout l'introduction de stratégies et de pratiques en aménagement et mise en valeur des ressources en eaux et en sols mieux adaptées aux spécificités climatiques de la zone et la promotion de la maîtrise d'ouvrage locale (communale / associative).

Performance des partenaires

Le Gouvernement et ses différentes agences ont montré dans l'ensemble une performance  satisfaisante. Le MAEP a fait preuve d'une très bonne appropriation du projet, et d'une bonne capacité d'orientation et de supervision. Le Ministère a assuré un appui consistant au projet à travers ses services centraux et régionaux et lui a accordé une autonomie suffisante. Le Ministère des finances et du budget a assuré correctement la gestion du prêt et la mobilisation de la contrepartie. Les autres départements ministériels ont apporté aussi des appuis corrects à travers leurs services et programmes sectoriels (infrastructures, santé, hydraulique, environnement) en dépit de l'inexistence de partenariats solides préalables. Les autorités régionales et les communes se sont activement impliquées dans la mise en œuvre du projet et elles l'ont placé au centre de leurs préoccupations. Pourtant, les services techniques déconcentrés (niveaux région et districts) n'ont pas été suffisamment impliqués par le projet. L'unité de gestion du projet a été particulièrement performante en mobilisant un grand nombre de partenaires non prévus initialement, prenant de nombreuses bonnes initiatives allant dans le sens de la pertinence et de l'efficacité du projet, et en assurant une bonne planification et coordination des activités. Le système de suivi-évaluation du projet, malgré son opérationnalité très tardive, est exemplaire. Le Bureau du projet a pourtant montré une faible réactivité par rapport aux défis liés à la gestion durable des ressources naturelles (eau et fertilité des sols en particulier) et l'adaptation des systèmes de culture pluviaux aux aléas climatiques. Il a aussi connu certaines difficultés sur le plan de la gestion financière du projet. Les prestataires de services ont fait preuve d'une performance modérément satisfaisante dans l'ensemble avec des performances variables selon les prestataires. Ainsi, les opérateurs techniques spécialisés et l'opérateur généraliste ont montré globalement une bonne performance en mobilisant un personnel qualifié et en travaillant harmonieusement avec l'équipe du projet. La performance des bureaux d'étude et des entreprises est jugée modérément insatisfaisante en raison de quelques erreurs techniques et du manque d'innovations pour les premiers et en raison du sous-équipement, du manque d'encadrement et des capacités managériales insuffisantes pour les seconds.

Le FIDA a fait preuve d'une performance modérément satisfaisante dans l'ensemble. La conception initiale du projet contenait plusieurs insuffisances liées notamment à la non prise en compte de certaines recommandations importantes de l'évaluation intermédiaire, l'absence d'établissement de partenariat solide et la focalisation exclusive de l'approche participative sur le niveau villageois. Néanmoins, le FIDA par sa flexibilité et sa réactivité adéquates a pu rectifier certaines de ces insuffisances lors de la revue à mi-parcours et même apporter certains ajustements prenant en compte les évolutions des stratégies du gouvernement et du FIDA lui même. Quant à L'UNOPS, il a fait preuve d'une performance satisfaisante en conduisant régulièrement les missions de supervision avec les mêmes équipes, ce qui s'est traduit par une efficacité croissante des ses prestations. En outre, les recommandations formulées ont souvent dépassé le pilotage de l'état d'exécution technique et financière du projet pour toucher des aspects techniques, méthodologiques et économiques de fonds qui ont contribué à l'amélioration de la performance du projet.

Conclusions et recommendations

Appréciation globale. L'appréciation du PHBM II est globalement satisfaisante. Les points forts observés concernent la bonne efficience et la bonne efficacité dans l'atteinte des objectifs du renforcement des capacités locales, de l'appui aux initiatives locales et de la valorisation de la production agricole ; les impacts importants sur les revenus des ménages, la production agricole et la sécurité alimentaire ; et la bonne performance des agences gouvernementales notamment l'unité de gestion du projet. Les points faibles résident, essentiellement, dans le manque d'efficacité relativement à l'objectif de promotion de systèmes durables de production, la faiblesse des impacts sur les ressources naturelles et l'environnement et la durabilité incertaine de certains acquis.

Scores attribués au PHBM II et ses partenaires par l'évaluation terminale.

Critères d'évaluation Scores3
Critères de performance  
            Pertinence 4
            Efficacité 5
            Efficience 5
            Performance du projet 4.7
   
Impact sur la pauvreté rurale 5
            Revenus et bien des ménages 6
            Production agricole et sécurité alimentaire 6
            Capital social et renforcement du pouvoir 5
            Ressources naturelles et environnement 3
            Institutions et politiques 5
   
Autres critères de performance  
            Durabilité 3
            Innovations, reproduction et élargissement d'échelle 5
   
Appréciation globale du projet 5
   
Performance des partenaires  
            Gouvernement (Agences gouvernementales & Unité de         gestion du projet) 5
            FIDA 4
            UNOPS 5
            Prestataires de services 4

Source : Evaluation terminale du PHBM II

 

Recommandations. L'évaluation terminale du PHBM II fait quatre recommandations. Les trois premières recommandations concernent des enseignements stratégiques importants tirés de l'expérience du projet, à prendre en compte dans les projets de développement rural futurs à Madagascar ou ailleurs. La quatrième recommandation vise à capitaliser les acquis du PHBM II.

Recommandation n°1 : Promouvoir le développement équilibré et durable des zones rurales de Madagascar en harmonisant et intégrant davantage les interventions des projets participatifs intégrés de développement local avec celles des programmes sectoriels nationaux et des programmes régionaux de développement sur la base d'engagements partenariaux clairs et fermes.

Recommandation n°2 : Promouvoir la diversification, l'intégration et la compétitivité des activités agricoles, par la promotion d'une approche filière diversifiée et intégrée, tout en plaçant les femmes et les jeunes au centre de ce développement.

Recommandation n°3 : Promouvoir la flexibilité des projets dans leur conception et mise en œuvre pour permettre l'adaptation et l'affinement des modalités d'exécution en fonction des évolutions du contexte, afin d'atteindre et de maintenir un bon niveau de performance (pertinence, efficacité et efficience) et d'accroître l'appropriation des projets par leurs agents d'exécution.

Recommandation n°4 : Consolider rapidement la dynamique de développement social et économique déjà impulsée par le PHBM (I et II) dans sa zone d'intervention en vue de pérenniser et valoriser les acquis du projet.


1/ Alimentés par des seuils de dérivation au fil de l'eau n'offrant aucune possibilité de stockage et de régulation,  et ne disposant pas d'ouvrages adéquats ni de tours d'eau susceptibles d'assurer une répartition équitable de l'eau entre les irrigants.

2/ Existence d'un tronçon difficile de 20 km de la RIP 107 non réhabilité, destruction d'un radier important au PK8 de la RIP 107 à l'entrée sud de la zone, existence d'un tronçon de 24 km non traité à la fin de la RIP 117 qui aurait pu désenclaver la zone du coté Ouest et absence d'entretien des routes et pistes déjà aménagées (voir figure 4).

3/ Les scores sont attribués sur une échelle de 1 à 6 (6 = très satisfaisant ; 5 = satisfaisant ; 4 = modérément satisfaisant ; 3 = modérément insatisfaisant ; 2 = insatisfaisant ; 1 = très insatisfaisant)

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